Commandoair40 Admin
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| Sujet: On déconstruit 5 idées fausses sur l’armistice du 11 novembre 1918 . Lun Nov 11 2019, 21:37 | |
| On déconstruit 5 idées fausses sur l’armistice du 11 novembre 1918
Le 11 novembre 1918 vers 5h30 du matin, juste après la signature du traité, à la sortie du « wagon de l’Armistice » : De gauche à droite au premier plan, l’amiral britannique Hope, le général Weygand, l’amiral britannique Wemyss, le maréchal Foch, le capitaine de la Royal Navy Marriott.
L’armistice marque-t-il la fin de la Première Guerre mondiale ?
Les vainqueurs l’ont-ils accueilli avec soulagement ?
François Reynaert fait le point.
Le printemps 1918 est un moment crucial de la Première Guerre mondiale.
Dégagée de son front est, depuis que la Russie, aux mains des Bolcheviks, a signé la paix, l’Allemagne peut concentrer ses forces sur le front ouest.
Elle sait aussi qu’elle doit faire vite.
Les Américains ont rejoint le camp des Alliés en avril 1917, mais il leur a fallu du temps pour former leurs hommes qui ne débarquent que peu à peu.
Le 21 mars, Hindenburg et Ludendorff, les inséparables qui commandent les armées allemandes, jouent leur va-tout.
Ils lancent toutes leurs troupes sur le nord-est de la France dans le but d’obtenir la « percée » qui emportera la victoire.
Elle est au bord de réussir.
Comme lors du « miracle de la Marne » en septembre 1914, elle est une nouvelle fois bloquée.
Désormais, les jeux sont faits.
Comment les empires centraux, épuisés par quatre ans de guerre, pourraient-ils gagner sur des adversaires qui reçoivent, dans les semaines qui suivent, le secours de deux millions de soldats américains, frais et dispos ?
Le 8 août, les Alliés réussissent leur percée à eux.
C’est « le jour noir de l’armée allemande », écrit Ludendorff, qui sait que tout est perdu, et sombre dans la déprime.
Il faut pourtant encore plusieurs mois pour que Berlin se résigne à l’impensable :
Demander un armistice.
Le 7 novembre, Erzberger, un député catholique centriste représentant le gouvernement allemand et sa petite délégation, passent la ligne de front et sont dirigés vers la clairière de Rethondes, dans la forêt de Compiègne, pour discuter les conditions du texte avec Foch, le chef militaire interallié.
Celles qui leur sont proposés sont dures.
Les Allemands doivent se replier jusqu’au-delà du Rhin, accepter l’occupation de la Rhénanie, livrer des armes.
Quel moyen ont-ils de refuser ?
Après quatre jours d’âpres discussions, à cinq heures du matin, dans un wagon restaurant, Erzberger, Foch et leurs délégations respectives signent l’armistice.
Il est prévu pour entrer en vigueur à la onzième heure du onzième jour du onzième mois.
Cette année, nous commémorons le centenaire de ce moment.
Tâchons, pour tenter de nous en faire une idée exacte, de déconstruire cinq idées fausses qui traînent toujours sur lui :
1. L’armistice marque la fin de la guerre
D’abord, il ne faudrait pas parler de l’armistice, au singulier, mais des armistices, au pluriel.
Celui du 11 novembre est le plus important, puisqu’il est le dernier.
Il est précédé de trois autres, signés par les trois grands alliés de l’Allemagne qui ne sont pas moins importants pour d’autres :
la Bulgarie, le 29 septembre, à Thessalonique ; l’empire Ottoman, le 30 octobre, à Moudros, le port de l’ile grecque de Lemnos ; l’Autriche Hongrie, le 3 novembre, à la Villa Giusti, non loin de Padoue, où le roi d’Italie avait son état-major.
Ensuite, l’accord signé à Rethondes, comme les trois qui ont précédé, n’étaient donc que des armistices (de arma, arme et statio, état d’immobilité), c’est-à-dire des suspensions provisoires des hostilités, demandés par un des belligérants, dans le but d’étudier une sortie de la guerre.
Celui du 11 novembre, par exemple, était prévu pour durer 33 jours, puis il a ensuite été renouvelé.
La guerre ne s’est terminée officiellement qu’avec la série de traité de Paix, qui se sont succédé à partir de 1919.
Le plus célèbre est celui de Versailles, réglant le sort de l’empire allemand, et signé dans la galerie des glaces du château, le 28 juin, c’est-à-dire exactement cinq ans jour pour jour après l’attentat de Sarajevo, qui avait mis le feu à l’Europe.
2. Tous les vainqueurs ont accueilli l’armistice avec soulagement
Bien évidemment, tout au long du front, la joie explose dès que le clairon sonne la fin des combats, espérée avec passion depuis quatre ans.
Dès l’après-midi, Paris, Londres, New York sont en fête.
Bien évidemment, le sentiment dominant dans l’état-major interallié est l’enthousiasme de la victoire.
On ne peut oublier pour autant que tout le monde n’était pas partisan de cet armistice.
Un des plus célèbres opposants était Pétain.
En 1940, il sera défaitiste.
En 1918, il estimait stupide et risqué d’arrêter les combats avant d’avoir pu pénétrer en Allemagne.
Il craignait que l’ennemi ne se serve de l’arrêt des combats comme d’une trêve qui lui permettrait de se refaire, avant de reprendre les armes.
L’idée a d’ailleurs dû traîner dans l’esprit de quelques grands militaires allemands.
D’autres, côté allié, furent déçus de ce que la guerre s’arrête avant d’y avoir pu faire leur preuve.
Ainsi, De Gaulle.
Comme le racontait le grand historien Marc Ferro dans une ancienne émission de France Inter, le jeune capitaine apprend la nouvelle de l’arrêt des combats dans la forteresse où il est détenu, et il en ressent de l’humiliation.
Il a été blessé, mais sa capture en 1916 l’a empêché de donner au combat tout ce qu’il aurait voulu donner.
Sitôt rentré de captivité, il brûle de repartir, et se fait bientôt détacher auprès de la jeune armée polonaise, en guerre contre les bolchéviques russes.
3. Le 11 novembre est une date essentielle pour les Allemands
Depuis 1917, l’Allemagne est soumise à un blocus de la part des Alliés, en particulier de la flotte britannique.
Le pays manque de tout.
La faim règne.
La population a de plus en plus de mal à supporter la situation.
En janvier 1918, éclatent des grandes grèves d’ouvriers excédés.
Dès l’été, on l’a dit, l’armée allemande, épuisée, sent que les jeux sont faits.
Fin octobre, l’Etat-major a pourtant encore l’idée imbécile d’envoyer la flotte allemande faire un baroud d’honneur sur les mers.
A Kiel, les marins refusent ces ordres suicidaires et se révoltent.
Cette mutinerie marque le début de la « Révolution allemande ».
Le gouvernement libéral que l’empereur Guillaume a nommé début octobre en croyant calmer les choses est totalement dépassé.
Le pays est bientôt sens dessus dessous.
Les spartakistes, l’aile dissidente de gauche du parti social-démocrate, rêvent d’imiter les bolchéviques russes.
Dans de nombreuses villes allemandes, à Stuttgart, à Munich, mais aussi à Strasbourg ou Colmar qui appartiennent toujours au Reich, on voit se constituer des soviets.
Tout se tend le 9 novembre.
L’insurrection a gagné Berlin.
De l’Etat-major de Spa, en Belgique, où il s’est rendu, l’empereur veut ordonner à l’armée de marcher sur sa capitale, pour l’écraser.
Quand il comprend que c’est impossible, il accepte de se retirer, et s’enfuit aux Pays-Bas.
A la hâte, depuis une fenêtre du Reichstag, le parlement impérial de Berlin, le socialiste Scheidemann proclame la « République allemande » pour prendre de vitesse son rival Liebknecht, le spartakiste qui entend établir lui une république socialiste sur le mode soviétique.
La nouvelle de l’armistice arrive, quelques jours plus tard, dans un climat de grande confusion.
Pour les allemands, le 9, jour de la chute de l’empire, reste à jamais plus important que le 11.
4. L’armistice a été signé par des généraux alliés et allemands
Si vous avez bien lu le paragraphe qui introduit cet article, vous savez déjà que cette idée est inexacte.
Le plénipotentiaire envoyé par les Allemands est Matthias Erzberger, un député catholique centriste.
Ça n’est pas un détail diplomatique.
C’est une manigance voulue par l’Etat-Major. Hindenburg et Ludendorff savent depuis l’été qu’ils ont perdu, mais ils refusent de porter la responsabilité de la défaite.
Ce sont eux qui, depuis l’automne, ont poussé l’empereur à redonner le pouvoir aux civils, dans le seul but de se dégager d’un désastre dont ils sont pourtant les responsables.
Le geste politique est essentiel et très grave.
C’est lui qui donne naissance à la fameuse légende du « coup de poignard dans le dos ».
Elle consiste à prétendre que la guerre n’a pas été perdue par l’armée et ses généraux, mais uniquement à cause de la trahison de l’arrière, de ces socialistes défaitistes, ces députés vendus, ces révolutionnaires à la solde de l’ennemi qui passaient leur temps à démoraliser les troupes.
Le mensonge est énorme.
Il prend auprès de l’opinion publique car il est exploité ad nauseam, dans l’après-guerre, par l’extrême droite, en particulier par le jeune parti nazi.
En 1921 Erzberger, devenu ministre de la nouvelle République de Weimar, est assassiné par des militaires nationalistes.
En 1924 Ludendorff, revenu de sa dépression et d’un bref exil en Suède, se fait élire député sous les couleurs du parti nazi.
5. On peut toujours, dans la clairière de Rethondes, visiter le wagon de l’Armistice
Eh bien non.
On peut aller bien sûr jusqu’à la splendide forêt de Compiègne pour visiter ce lieu de souvenir émouvant (qui vient d’ailleurs d’être restauré) et grimper dans un wagon tout semblable à celui du 11 novembre, mais il s’agit d’une réplique.
Le vrai a subi ce que l’on pourrait appeler un revers de l’Histoire, consécutif à ce que l’on a raconté ci-dessus.
Obsédé par l’idée de laver l’affront de 1918, Hitler exige, en 1940, que l’armistice marquant sa revanche, et la défaite de la France soit signée sur la même table et dans le même lieu.
Ensuite, il fait emmener le « wagon de Rethondes » à Berlin, où il est exposé comme un trophée.
Évacué en 1944, il est brûlé par les SS, sur ordre du Führer, en 1945.
Source : François Reynaert / https://www.nouvelobs.com
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