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Barkhane .
AFRIQUE OPERATION
Avec l’appui de Barkhane, la Force conjointe du G5 Sahel a repris ses opérations, dans le nord du Niger
PAR LAURENT LAGNEAU · 18 OCTOBRE 2019
Comme le chef d’état-major des armées [CEMA], le général François Lecointre, l’a rappelé dans un entretien donné quotidien Le Monde, en juillet, « l’indicateur de réussite n’est pas le nombre de jihadistes tués ». Et d’insister plutôt sur la capacité à priver l’ennemi de sa liberté de mouvement et la nécessité de faire monter en puissance les forces armées locales afin qu’elles soient de plus en plus autonomes sur le terrain.
Depuis, la communication autour de la force Barkane se concentre essentiellement sur les actions civilo-militaires et les opérations de contrôle de zone. Et les points de situation publiés chaque semaine par l’État-major des armées [EMA] ne font plus état des pertes éventuellement infligées aux groupes jihadistes.
Cela a été encore le cas cette semaine, avec la publication par l’EMA d’un article évoquant une opération menée dans la région de Tessit, près de la région des trois frontières, entre le 29 septembre et le 7 octobre. Intitulé « Les forces armées maliennes et Barkhane mettent à mal les terroristes« , ce dernier précise qu’une reconnaissance dans le secteur de Kaygourouten a permis de saisir « une moto, 2 pistolets mitrailleurs modèle AK-47 avec 13 chargeurs garnis, 2 gilets de combat, 2 radios haute fréquence de type Motorola, un kit complet de soin chirurgical, ainsi que des tenues de camouflage et du matériel de vie en campagne. » Le groupe jihadiste à qui appartenaient ces effets devraient s’en remettre…
Or, durant cette opération conduite dans la région de Tessit, les forces armées maliennes perdaient au moins 38 soldats lors des attaques des bases de Mondoro et de Boulkessi, revendiquées par la suite par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM]. Dans son communiqué, le groupe jihadiste, comme à son habitude, ne s’est pas privé de « gonfler » le bilan des deux assauts, allant jusqu’à affirmer qu’il avait capturé un colonel et plusieurs soldats.
Depuis, la Mission des Nations unies au Mali [MINUSMA] et la force Barkhane font l’objet de critiques de la part d’une partie de l’opinion locale, au sein de laquelle certaines voix se font entendre pour demander une aide militaire à la Russie. Et le gouvernement malien se trouve aussi sur le fil du rasoir… De même que la Force conjointe du G5 Sahel [FC-G5S], qui subit plus qu’elle n’agit. À Boulkessi, c’était l’une de ses unités maliennes qui fut visée par les jihadistes, lesquels, en juin 2018, avaient attaqué son quartier général à Sévaré.
Cela étant, désormais commandée par le général nigérien Oumarou Namata Gazama, la FC-G5S a repris ses opérations au début du mois d’octobre… dans le nord du Tchad et du Niger, d’où Barkhane s’est récemment retirée en abandonnant la base de Madama.
Pour rappel, la FC-G5S doit disposer de 5.000 soldats qui, fournis par la Mauritanie, le Tchad, le Niger, le Burkina Faso et le Mali, sont déployée selon trois fuseaux [Ouest, Centre, Est].
Appelée « Amane 2 » et ayant duré dix jours, cette opération de la FC-G5S a été conduite entre les passes de Toummo [Niger] et de Korizo [Tchad], c’est dire dans une zone de transit empruntée par les groupes jihadistes faisant la navette entre le sud de la Libye et le nord du Mali. La force Barkhane a fourni un appui, qui s’est traduit par des « livraisons par air » [LPA], c’est à dire le parachutage de vivres et de matériels, ainsi que par deux vols de reconnaissance préliminaires.
« À cette occasion, une unité tchadienne de Wour et une unité nigérienne de Madama ont été engagées, une première sous le commandement du général Namata, nouveau COMANFOR », a précisé l’EMA, dans son compte-rendu hebdomadaire des opérations.
« Lors de cette opération, la force conjointe a découvert une cache d’armes et saisi huit fusils d’assaut, un fusil mitrailleur, un lance-roquette RPG7, sept roquettes munitions, quatre pistolets automatiques ainsi que de nombreuses munitions de différents calibres », indique encore l’état-major français.
Le bilan donné par la FC-G5S est moins précis que celui de l’EMA puisqu’il ne donne pas les quantités des armes saisies. Il indique seulement que la fouille d’une grotte effectuée le 3 octobre, a permis de mettre main sur « des fusils mitrailleurs, des armes de poing, des roquettes antichar, des grenades et plusieurs caisses à munitions de petits calibres, ainsi que d’appareils d’observation. » En revanche, il évoque l’interception d’un pick-up Toyota Hilux, avec, à son bord, cinq personnes dotées d’armes de guerre « guerre munies de lunettes de tir de précision avec laser et des munitions en quantité. »
« Ces hommes interpellés en détention d’armes et de matériels de guerre ont par conséquent été mis à la disposition de la brigade prévôtale de Madama pour les suites judiciaires appropriées », assure la force du G5 Sahel. Il n’a pas été précisé s’il s’agissait de jihadistes ou de trafiquants [l’un n’empêchant pas l’autre, cela dit…]
« Cette opération militaire de la Force conjointe augure d’une intensification à venir des actions sur le terrain afin de ramener la paix et la sécurité dans l’espace G5 Sahel, en coordination avec les autres forces en présence et impliquées dans l’action concertée de lutte contre le terrorisme et la grande criminalité », est-il promis dans le communiqué du G5 Sahel.