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| Sujet: Le grand huit d'or de Michael Phelps !!!! Dim Juin 30 2019, 19:41 | |
| Le grand huit d'or de Michael Phelps
- Par De l'un de nos envoyés spéciaux à Pékin, Cédric Voisard
JO 2008 - Unique, l'Américain a conquis huit médailles d'or pour un palmarès incomparable. C'est au-delà de l'exploit. Et comme cela ne s'est jamais vu, cela ne porte pas de nom. Michael Phelps a remporté huit médailles d'or à Pékin. Il est le plus grand nageur de l'histoire. Il est le plus grand athlète olympique de tous les temps. Il est Michael Phelps, amphibien «made in USA», l'homme-poisson qui réécrit le dictionnaire de la natation, peut-être même l'Atlante qu'imagina Platon.
Alors, quand pour la huitième fois l'hymne américain trompette dimanche dans le Cube pour l'honorer, le prodige décoche son plus beau sourire, carnassier, menton en galoche, oreilles bien décollées. Les paroles de la Star-Spangled Banner furent d'ailleurs écrites au début du XIXe siècle à Baltimore, sa ville natale. Tout un symbole.
Il se marre, Michael Phelps. Il a réussi. Il a justifié des millions de longueurs à l'entraînement, l'insupportable stage de Colorado Springs, il y a quelques semaines, où Bob Bowman, son entraîneur de toujours, lui colla 70 séances sur 24 jours. «Parfois, il est dans l'eau, il souffre, je lui annonce la suite et je vois à sa tête qu'il n'y croit pas ! Ces séances les plus dures, ce sont mes préférées…» De la sueur, du talent, du bon p'tit gars parti de rien, voilà du rêve américain. G. W. Bush, himself, était cette semaine de la claque.
Sa torpille, «Coach» Bowman l'a détectée têtard, à l'âge de 11 ans. Comme un poisson dans l'eau, mais agité du bocal. Michael Phelps est un enfant de la Ritaline, un psychotrope qui fait débat, prescrit pour traiter l'hyperactivité et les troubles de l'attention. Comme l'une de ses sœurs, Whitney, a nagé pour le pays, et vu que la prof d'anglais est inquiète quant à sa capacité à poursuivre une scolarité normale, Debbie, sa mère, principale de collège divorcée, plonge quand Bowman lui propose un programme sur quinze ans pour amener son fils aux Jeux de 2004 à 2012. «Michael n'était qu'un grand bébé, je me suis dit que ce type était fou !» Pas vraiment. Bob Bowman vient de trouver en Michael Phelps le projet d'une vie.
Originaire de Caroline du Sud, cet entraîneur atypique s'est un temps imaginé compositeur de musique. Jusqu'à ce que la natation lui apparaisse symphonique. Bowman sera le père que le p'tit Michael n'a plus. Diplômé en psychologie, le mentor réfléchit, étudie, programme le nageur total.
Dans l'eau, le gosse réagit bien. À quatre mains, ils vont écrire leurs plus belles partitions.
Michael Phelps devient à 15 ans le plus jeune recordman du monde de l'histoire. Peu avant, Sydney lui a offert un repérage olympique. Il se révèle donc à Athènes en 2004. Six médailles d'or et deux de bronze. Le record de son compatriote Mark Spitz, sept titres aux Jeux de Munich, lui a résisté. Mais Phelps n'est âgé que de 19 ans.
L'Olympiade qui suit sera celle de tous les défis. Toutefois, elle commence mal. Le phénomène a suivi son entraîneur à l'Université du Michigan. Professionnel depuis l'âge de 16 ans, Michael Phelps est riche. Mais désœuvré.
Le blues post-olympique du champion le rattrape. Enfin, une condamnation pour conduite en état d'ivresse lui vaut une véritable curée médiatique. Le poisson suffoque, Bowman lui redonne le goût de l'eau.
L'USS Phelps va tout détruire.
«Un rêve qui est devenu réalité» Évidemment, sa physiologie fait de lui un prototype : 1,93 m pour 84 kg, une envergure de bras de 2 mètres et une paire de palmes pointure 49.
Nageur né. Surtout, il travaille.
Les croqueurs de médailles sont des bouffeurs de chlore.
Pour MP, le réveil sonne à 5 heures du matin six à sept jours par semaine. Comptage de carreaux bleus en première langue.
Aux mondiaux de Melbourne, l'an dernier, il décroche sept titres. Le monde de la natation découvre qu'il a encore fait des progrès. Sur d'imperceptibles détails. «J'avais noté que Michael avait perdu le 200 m d'Athènes sur les virages », confie alors Bowman.
Sa technique est désormais unique en son genre, un modèle de coulée et d'ondulations, sur une bonne douzaine de mètres et à une profondeur étonnante. Une mine pour ses adversaires.
Le voilà à Pékin. Il nage un total de dix-sept courses, se remonte avec du rap et monte toujours sur le plot côté gauche, décroche huit médailles d'or, seul au monde, avec l'aide des copains sur les relais, ou à l'arrache pour un centième de seconde, sublime de volonté comme de réussite sur le 100 m papillon.
Le record de Spitz est détruit. Il avoue : «C'est un rêve qui est devenu réalité, j'ai atteint tous les objectifs que je m'étais fixés.» L'après ? Des vacances, et des envies de sprint.
En 2012, aux Jeux de Londres, il n'aura que 27 ans…
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