Protectorat français à partie l’année 1900 et colonie française en 1920,
le Tchad parvient à l’indépendance en 1960, à l’instar de la majorité des territoires coloniaux français en Afrique noire.
Pays d’Afrique centrale frontalier de six pays, dont le Soudan et la Libye, le Tchad s’étend du désert saharien aux limites de la forêt équatoriale.
Vaste comme deux fois et demi la France et peuplé alorsde trois millions et demi d’habitants, le Tchad connaît une grande disparité ethnique et religieuse qui s’avère difficile à fédérer par l’État dirigé alors par François Tombalbaye, premier président du pays.
Durant les années 1960, le gouvernement tchadien doit faire face à divers mouvements de rébellion qui déstabilisent le pays, notamment au Nord dans la région saharienne du Borkou-Ennedi-Tibesti, communément appelée le BET, où vit une population majoritairement musulmane et nomade, en particulier l’ethnie toubou, ainsi que dans l’Est du pays, autour de la ville de Mangalmé où des rebelles révolutionnaires se soulèvent contre l’autorité en place.
Les crises successives et le mécontentement de la population rurale se transforment en véritables rébellions et actes de banditisme, fortement réprimés par le gouvernement tchadien, ce qui exacerbe l’opposition des tribus du BET face au gouvernement composé principalement par desethnies du Sud du pays qui vivent de manière sédentaire et sont de confession chrétienne ou animiste.
En 1966, en réponse à ces répressions, les révoltés du Nord créent le Front de libération nationale (FROLINAT) dont le bras armé compte mille cinq cents hommes. Face à cette organisation déterminée, les forces armées du Tchad, constituées de mille huit cent cinquante soldats, de mille deux cents gendarmes et de deux mille cinq cents gardes nomades, manquent d’entraînement opérationnel et sont par conséquent incapables de maîtriser les nombreuses révoltes, notamment celles de 1968.
Le gouvernement tchadien fait alors appel à la France dans le cadre des accords de défense, signés entre les deux pays dès 1960 et qui prévoient une assistance militaire technique (AMT). Le général de Gaulle décide d’envoyer le 18 mars 1969 des troupes françaises au Tchad, à condition que des réformes administratives, économiques et sociales soient entreprises par le gouvernement de Tombalbaye.
Ainsi, pour permettre la réorganisation de l’administration et l’action de l’AMT, des unités opérationnelles sont déployées sur le terrain afin de rétablir la sécurité dans les régions troublées du Nord.
Appelée « opération Limousin », cette intervention française au Tchad est la première opération militaire après le conflit algérien dont elle hérite de nombreux aspects notamment opérationnels.
Dans ses fonds d’archives, l’ECPAD compte une collection photographique sur les opérations militaires au Tchad de 1969 à nos jours.
Au nombre de 647, les photographies portant sur lapremière intervention française de 1969 à 1971 sont réalisées par René-Paul Bonnet, photographe de l’établissement, et par Lucien Bacheley pour le magazine TAM (Terre Air Mer ) dont la publication est dirigée par le ministère de la défense nationale.
Les archives photographiques deTAM ont été reversées à l’ECPAD et sont consultables à la médiathèque du fort d’Ivry-sur-Seine, à l’instar des fonds organiques.Toutefois, les témoignages visuels de l’opération Limousin sont très lacunaires car ils ne couvrent pas la durée totale de celle-ci. En effet, les images prises par les deux reporters cités plus haut ont été réalisées entre avril 1969 et la fin du mois de février 1970.
Les images concernant les périodes antérieures à l’opération comme l’année 1968 ou la présence de l’AMT dans les années 1960 et surtout la suite de l’intervention française qui voit arriver les marsouins du 3e régiment d’infanterie de marine (RIMa) et le désengagement des troupes en 1972 n’existent pas dans le fonds d’archives de l’ECPAD.
Il est cependant nécessaire de présenter l’entier déroulement de l’opération Limousin dans ce dossier pour rappeler l’investissement en hommes et en matériels qu’a demandé cette opération française bien souvent oubliée, précédant les futures opérations françaises au Tchad, à savoir Tacaud(1978), Manta (1983-1984) et Épervier (1986 à nos jours).