Grâce au déploiement de forces navales et à l’adoption de mesures de sécurité spécifiques, les actes de piraterie maritime dans le golfe d’Aden et l’océan Indien ont considérablement réduits depuis maintenant plusieurs années.
Pour autant, comme l’a souligné un récent rapport [.pdf] du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, sur la « situation concernant la piraterie et les vols à main armée au large des côtes somaliennes », les « causes profondes » de ce phènomène n’ont pas disparu et les réseaux restent encore « très actifs ».
« Quatre groupes d’action de pirates se tiennent prêts à reprendre les attaques dès qu’ils en auront la possibilité. Ces groupes continuent d’exploiter la moindre occasion, au vu de la facilité relative avec laquelle leurs agents peuvent se procurer des armes et des embarcations légères », est-il ainsi expliqué dans ce document.
L’un de ces « groupes d’action de pirates » s’est attaqué, le 16 octobre, à 340 nautiques des côtes somaliennes, d’un vraquier MV KSL Sydney, battant pavillon de Hong Kong. La présence de gardes armés à bord du navire ainsi que l’application des mesures de sécurité ont permis de repousser les aissaillants qui, armés de fusils d’assaut AK-47 Kalachnikov, avaient pris place à bord d’un skiff, généralement mis en oeuvre depuis un vaisseau-mère.
Mise en alerte, la force navale européenne EU NAVFOR Atalanta, actuellement sous les ordres du contre-amiral espagnol Alfonso Perez de Nanclares, a envoyé une avion de patrouille maritime P3M Orion au-dessus de la zone où a eu lieu cette tentative d’attaque. L’appareil a ainsi pu recueillier le « plus d’informations possibles sur les activités des pirates présumés ».
C’est ainsi qu’un baleinier suspect a été repéré, puis arraisonné par le navire d’assaut amphibie espagnol ESPS Castilla, alors qu’il s’était abrité dans une baie située sur les côtes somaliennes. Le bateau-mère pirate a ensuite été remorqué en haute mer, où il a été détruit.
« La capacité de déployer des aéronefs et des navires immédiatement dans cette zone s’est avérée essentielle », a souligné un communiqué de la force navale européenne, lequel n’a pas précisé le sort des pirates.
« Grâce aux moyens de l’opération Atalanta, nous avons pu identifier, suivre et détruire l’équipement d’un groupe d’actions de pirates, ce qui renadra plus difficile pour ce dernier de s’attaquer au transport maritime à l’avenir », a commenté le contre-amiral Nanclares. « Nous continuerons à dissuader et à prévenir les actes de piraterie […] afin de garantir que les navires vulnérables et leurs équipages restent en sécurité pendant leur transit dans l’océan Indien occidental », a-t-il encore assuré.
Actuellement, EUNAFOR Atalanta dipose de la frégate multimissions italiennes ITS Federico Martinengo, du navire d’assaut amphibie ESPS Castilla et d’un avion de patrouille maritime. Cet été, son mandat a été prolongé jusqu’en décembre 2020 par le Conseil de l’Union européenne.
Une évaluation de la force navale européenne, citée par le rapport de M. Guterres, avance que les « réseaux de piraterie trouvent apparemment les fonds dont ils ont besoin en se livrant à des activités moins risquées, telles que le trafic d’êtres humains, de drogues, d’armes ou de charbon. »
« Par ailleurs, toujours d’après cette évaluation, on compte parmi les autres événements importants survenus dans le couloir de transit maritime recommandé de la mer Rouge 4 tentatives d’attaques dont la responsabilité a été attribuée à des rebelles houthistes, qui auraient lancé des roquettes longue portée sur
des vaisseaux battant pavillon saoudien naviguant au large du Yémen, ce qui pose une menace plus importante encore pour la stabilité de la région. Les navires de pêche et les yachts trop proches des côtes somaliennes ou yéménites risquent de se trouver pris dans les attaques conduites par les pirates somaliens ou les rebelles houthistes contre des navires marchands », lit-on encore dans ce document.
Enfin, ce rapport fait également état d’une attaque contre le cargo Alpha Kirawira, menée le 22 juillet dernier par des jihadistes somaliens appartenant aux milices Shebab. Ce qui serait un phénomène nouveau. Cela « témoigne de la volatilité des conditions de sécurité de l’espace maritime somalie », estime-t-il.