Normalement, le logiciel Source Solde, dont la réalisation a été confié à Sopra-Steria dans le cadre d’un programme conduit par la Direction générale de l’armement [DGA], aurait dû être mis en service en 2017 et ainsi remplacer le système LOUVOIS [Logiciel unique à vocation interarmées de la solde], dont les innombrables dysfonctionnements ont défrayé la chronique tout en plongeant les militaires et leurs familles dans de grandes difficultés financières.
Or, Source Solde se fait toujours attendre… Et comme l’a rappelé Florence Parly, la ministre des Armées, devant les sénateurs, « le fonctionnement de LOUVOIS ne sera jamais stabilisé ni parfaitement satisfaisant ». Et cela alors que le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu a été confirmé pour janvier 2019, malgré une note de la Direction générale des finances publiques (DGFiP), qui a fait état de 750.000 erreurs informatiques constatées lors d’une phase de tests réalisée entre août 2017 et juin 2018.
« Nous consacrons tous nos efforts » à Source Solde. Nous avons en outre énormément investi pour maîtriser et compenser les difficultés dramatiques engendrées par les failles du logiciel actuel. À présent, la paye des militaires est assurée à 99,9% dans des conditions normales, mais c’est au prix d’un investissement humain considérable et permanent pour corriger ces dysfonctionnements. La solution n’est pas pérenne, il faut pouvoir remplacer dès que possible le système actuel par un nouveau logiciel », a fait valoir Mme Parly.
Seulement, Source Solde a pris du retard. Et nul ne sait quand il pourra entrer en service. Lors d’une audition du groupe de liaison du Conseil supérieur de la fonction militaire (CSFM), Jean-Jacques Bridey, le président de la commission de la Défense, à l’Assemblée nationale, a indiqué le successeur de LOUVOIS n’est pas encore « 100% sûr » et que, par conséquent, les tests continuent avant de décider de « basculer » vers ce nouveau système.
« L’avenir, c’est Source Solde. On est confiant mais aussi conscient que, à l’origine, Source Solde était le module ‘solde’ du grand système d’information des ressources humaines [du ministère des Armées] qui devait s’appeler ‘Source’, qui a été abandonné. Donc c’est un module orphelin aujourd’hui. […] On espère fermement que Source Solde sera la solution parce que, sinon, les autres armées vont être embêtées » étant donné que » le logiciel GDS de l’armée de l’Air est maintenu en service sous perfusion puisqu’il commence à dater. Et donc le décalage dans le temps est effectivement préoccupant », a commenté un commandant du groupe de liaison du CSFM.
Pour rappel, en raison des dysfonctionnements du système Louvois pour le paiement des soldes dues aux militaires de l’armée de Terre, de la Marine nationale et du Service de santé des Armées, le chef d’état-major de l’armée de l’Air, qui était à l’époque le général Jean-Paul Paloméros, avait décidé de conserver le logiciel GDS, qui a donc fait son temps.
Il avait déjà été question des soucis de fiabilité du logiciel Source Solde en mars dernier. Le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], l’amiral Christophe Prazuck, les avait évoqués devant les députés, à l’occasion de son audition dans le cadre du projet de Loi de programmation militaire 2019-25.
« Il est hors de question de prendre le moindre risque et nous procédons donc à des vérifications et contre-vérifications de tout ce système, du calculateur lui-même et de son lien avec les autres systèmes d’information ressources humaines du ministère, avec les réseaux de données. C’est un ensemble beaucoup plus large qu’un simple calculateur », avait explique le CEMM à l’époque.
Un autre sujet d’inquiétude porte sur le réforme de la rémunération des militaires, laquelle fera notamment le tri dans le maquis des 174 primes différentes encore en vigueur au sein du ministère des Armées. Source Solde est « conçu et construit de façon à pouvoir évoluer » et cette « refonte complète du système indemnitaire constituerait [pour lui] une évolution majeure, une sorte de ‘projet après le projet' », avait relevé Mme l’ingénieur général de l’armement [IGA] Caroline Gervais, responsable de ce programme, lors d’une audition tenue en décembre 2017. Toutefois, avait-elle assuré, le « système est conçu pour le permettre. »