Ces dernières années, le développement de la flotte sous-marine a été l’une des priorités de la Russie, avec l’entrée en service de nouvelles classes de submersibles à propulsion nuclaire (Iassen, Boreï) ou classique (Lada, Improved Kilo). Par rapport à leurs prédécesseurs, ces bâtiments disposent de meilleurs systèmes de combat et, plus généralement, de capacités accrues. En outre, leurs équipages sont mieux formés et plus entraînés qu’auparavant.
Depuis 2014, au moins une douzaine de nouveaux sous-marins ont été mis en service et leur activité a retrouvé un niveau proche de celui qui fut observé à la fin de la Guerre Froide.
Cet effort a profité aux flottes russes du Nord et de la mer Noire, la première se concentrant sur l’Atlantique-Nord (et les routes maritimes qui y transitent) tandis que la seconde s’intéresse à la Méditerranée. Ce qui préoccupe l’Otan.
« La Russie a modernisé son arsenal submersible avec des sous-marins de nouvelle génération. Actuellement, six sous-marins de la classe Kilo opèrent dans la mer Noire et en Méditerranée orientale », a ainsi relevé l’amiral américain James Foggo, le chef Commandement allié de forces interarmées de Naples, le 3 octobre. « C’est un sujet d’inquiétude pour moi et c’est un sujet d’inquiétude pour mes partenaires et amis de l’Otan », a-t-il ajouté.
En outre, a poursuivi l’amiral Foggo, la Russie « a renouvelé ses capacités dans l’Atlantique Nord et dans l’Arctique, à des endroits jamais vus depuis la Guerre Froide. Par exemple, les forces russes ont récemment réoccupé sept anciennes bases de l’Union soviétique dans le cercle polaire arctique », a-t-il dit.
« La capacité accrue de la Russie à projeter sa puissance dans cette région via les routes stratégiques de l’Arctique vers l’Atlantique Nord et la ligne GIUK [ligne formant un passage stratégique et passant par le Groenland, l’Islande et le Royaume-Uni, ndlr] est une chose à laquelle nous devons accorder un attention particulière », a estimé l’amiral américain.
En outre, a-t-il continué, les « missiles [de croisière] Kalibr » que la Russie met en oeuvre depuis ses sous-marins, donnent à ces derniers, qui « sont parmi les « plus silencieux » au monde, « la capacité d’atteindre pratiquement toutes les capitales européennes. »
L’an passé, un sous-marin russe de type Kilo, le Krasnodar, avait donné du fil à retordre aux forces navales occidentales en Méditerranée, se livrant à un jeu de cache-cache avec les moyens anti-sous-marins d’un groupe aéronaval américain après avoir lancé des missiles Kalibr en appui des forces syriennes.
« Nous savons que les sous-marins russes se trouvent dans l’Atlantique, testent nos défenses et notre maîtrise des mers afin de préparer un espace de combat sous-marin très complexe pour tenter de leur donner un avantage dans tout conflit futur. Et nous devons leur refuser cet avantage », a également affirmé l’amiral Foggo. D’où, d’ailleurs, la réactivation récente de la 2e Flotte dédiée à l’Atlantique-Nord.
Quant aux capacités de l’Otan, et plus particulièrement de l’US Navy, l’officier américain s’est dit confiant. « Je peux vous dire que nous avons un avantage acoustique et que nous allons le maintenir », a-t-il dit.
Quoi qu’il en soit, « non seulement les actions et les capacités de la Russie ont augmenté de manière alarmante et parfois conflictuelle, mais sa politique de sécurité nationale vise, je pense, à défier les États-Unis et l’Otan », a encore estimé l’amiral Foggo. « Je reste donc préoccupé par le risque d’erreur de calcul » que « nous ne devrions pas l’ignorer », a-t-il conclu.