Le projet d’avion de combat russe Su-57/PAK-FA connaît quelques difficultés étant donné que l’Inde, qui en était le partenaire principal, a récemment suspendu sa participation. Une « décision temporaire », a commenté, le 23 août, Dmitri Shugaev, le directeur de l’agence russe chargée des exportations dans le domaine de la défense.
Quoi qu’il en soit, la production à grande échelle du Su-57 n’est pas d’actualité pour le moment, comme l’a indiqué Youri Borisov, le vice-ministre russe de la Défense, en juillet dernier. À moins, sans doute, de trouver un autre partenaire… qui pourrait être la Turquie.
En 2010, le gouvernement turc avait confié à Turkish Aerospace Industries des études préliminaires pour mettre au point un avion de combat de 5e génération qui, appelé TF-X, devait remplacer les F-16 en service au sein de la force aérienne turque.
Bimoteur ayant une faible signature radar tout étant doté d’un radar à antenne active (AESA) et de la capacité à accompagner un drone MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance), le TF-X a fait l’objet d’accord avec d’autres industriels européens pour son développement. Ainsi, le britannique BAE Systems fut retenu en janvier 2017 à cette fin. Et le consortium Eurojet Turbo (Rolls-Royce, Avio, ITP et MTU Aero Engines) semblait être en bonne position pour fournir les moteurs.
Seulement, les tensions entre Ankara et Washington (voire avec d’autres pays de l’Otan, dont la Turquie est membre depuis 1952), vont changer la donne. risquent de changer la donne. La décision du gouvernement turc de commander des systèmes de défense aérienne S-400 « Triumph » auprès de la Russie est l’une des causes de ces relations compliquées.
Qui plus est, la force aérienne turque risque d’attendre longtemps les avions furtifs F-35A qu’elle a commandés auprès de Lockheed-Martin puisque le Congrès des États-Unis a bloqué leur transfert tant qu’Ankara n’aura pas renoncé aux systèmes russes S-400.
D’où l’appel du pied de Viktor Kladov, le directeur du Département de la coopération internationale du conglomérat de défense russe Rostec, à l’occasion d’un entretien donné le 27 août à l’agence de presse turque Anadolu.
« La Turquie et la Russie peuvent discuter des possibilités de coopération pour développer et produire conjointement un avion de combat de cinquième génération », a en effet lancé M. Kladov. « Pour un projet aussi important, les parties ne doivent pas seulement être intéressées mais aussi être prêtes à travailler ensemble », a-t-il ajouté. « Bien que cela puisse être une décision sérieuse, je suis convaincu que les deux pays sont capables de mettre en œuvre un tel projet », a-t-il insisté.
Plus tôt, cette année, M. Kladov avait déjà émis l’idée d’une participation russe au programme TF-X. « Nous pourrions fournir les moteurs », avait-il déclaré à la presse, lors de l’Eurasia Airshow à Antalya, alors que les discussions allaient bon train entre Rolls Royce et l’agence turque de défense. Cette négociation aurait dû être finalisée le 31 juillet dernier.