Actuellement, le Pentagone négocie, auprès de Lockheed-Martin, un nouveau lot de 130 avions de combat F-35 Lightning II. Et visblement, l’amiral Mat Winter, le responsable du programme F-35, est déterminé à mettre la pression sur l’industriel pour obtenir un baisse sensible du coût unitaire de cet appareil.
« Le prix baisse, mais il ne descend pas assez vite », a en effet déclaré l’amiral Winter, le 28 février.
Lors de la commande du lot n°10, qui portait sur 66 avions, le prix unitaire du F-35A était de 94,3 millions de dollars. Pour le lot n°11, le coût devrait baisser. Mais l’amiral Winter s’est refusé à préciser le montant que le Pentagone est prêt à consentir, afin de ne pas donner de « cartouche » à l’industriel dans les discussions en cours avec l’industriel. « Si je vous donne un chiffre, Lockheed Martin aura une cible », a-t-il dit, avant d’assurer qu’il négociera la « meilleure affaire » possible « pour le contribuable. »
En outre, l’amiral Winter a dit aussi vouloir « savoir ce qu’il en coûte réellement pour produire » cet avion, avant de critiquer l’attitude de Lockheed-Martin, qui tire un quart de ses ventes du programme F-35.
« Je ne suis pas aussi satisfait de la collaboration et de la coopération de Lockheed Martin. […] Ils pourraient être beaucoup plus coopératifs et collaborer, et nous pourrions sceller cet accord plus rapidement. Ils ont choisi de ne pas le faire, c’est [leur] tactique de négociation », a-t-il dit.
Le coût d’acquisition du F-35 est évalué, à l’heure actuelle, à 406,5 milliards de dollars. Outre-Atlantique, ce programme a régulièrement été critiqué pour ses dépassements de coût, ses retards et les nombreux problèmes rencontrés dans sa phase de développement. Et, encore une fois, le logiciel ALIS [Autonomic Logistics Information System] donne du fil à retordre.
Avec ses millions de lignes de code, ALIS permet d’optimiser la maintenance des F-35, en intégrant une large gamme de fonctionnalités. C’est un « environnement d’information unique et sécurisé fournit aux utilisateurs des informations à jour sur l’un de ces domaines en utilisant des applications Web sur un réseau distribué », explique Lockheed-Martin.
ALIS a une fonction d’analyse prédictive, c’est à dire qu’il permet au F-35 « d’auto-diagnostiquer » des pièces défectueuses. Le souci est que cela ne marche pas toujours…. Comme l’a expliqué l’amiral Winter, les mécaniciens sont régulièrement invité à remplacer des pièces pourtant en parfait état de marche. Ce problème devrait être réglé avec la version 3.0 du logiciel.
Par ailleurs, seulement la moitié des 280 F-35 sont disponibles pour le vol, les autres étant cloués au sol en raison de pénuries de pièces de rechange et de problèmes de qualité. « Les taux de disponibilité sont les plus bas pour les avions achetés dans les premiers lots et qui étaient confrontés à un certain nombre de problèmes matériels et logiciels » a expliqué l’amiral Winter.
Enfin, le coût du maintien en condition opérationnelle (MCO) des F-35 est encore trop élevé. « Si le ratio de coûts de maintenance est le même pour l’avenir, alors faire passer notre flotte de 280 à 800 avions d’ici 2021 sera inabordable pour le budget [du Pentagone] », a-t-il ajouté.
D’où l’intention du Pentagone de prendre à sa charge certaines opérations de maintenance et de ne plus les confier à Lockheed-Martin. « 68 différents sous-systèmes de l’avion ont été identifiés comme des éléments que le gouvernement peut réparer organiquement », a précisé l’amiral Winter.