Malgré les accords de Minsk et des trèves qui ne durent le temps qu’il faut à l’encre pour sécher, le sud-est de l’Ukraine [Donbass] est régulièrement le théâtre de combats meurtriers opposant les séparatistes pro-russes des républiques autoproclamées de Louhansk et de Donetsk aux forces gouvernementales ukrainiennes. Ces dernières ont ainsi perdu 5 soldats le 23 août dernier, soit quelque jours avant l’entrée en vigueur d’un nouveau cessez-le-feu.
En outre, même si elle s’en défend (tout en admettant, toutefois, l’engagement de « volontaires » venus de Russie), Moscou apporterait un soutien actif aux séparatistes, comme le suggère la présence, signalée récemment par les observateurs de l’OSCE, de moyens de guerre électronique dernier cri de facture russe dans la région de Louhansk.
D’autre part, et depuis plusieurs mois, la marine russe intercepte tous les navires commerciaux qui traversent le détroit de Kertch, lequel relie la mer d’Azov à la Mer noire. Résultat : les ports ukrainiens de Marioupol et de Berdyansk ont vu leur trafic chuter de 50% en quelques semaines. De quoi provoquer des tensions sociales alors que l’Ukraine doit organiser des élections législatives en mars prochain. Qui plus est, des mouvements de troupes ont été récemment constatés à la frontière russo-ukrainienne.
À Kiev, le 27e anniversaire de l’indépendance a donné lieu à un défilé militaire d’une ampleur sans précédent. Nous avons non seulement tenu tête, non seulement survécu, nous avons aussi développé nos muscles (…) et avons créé une armée forte », s’est félicité, à cette occasion, Petro Porochenko, le président ukrainien, quelques jours avant de commémorer la bataille d’Ilovaïsk, qui fut la plus meurtrière du Donbass pour les forces gouvernementales.
C’est donc dans ce contexte qu’Alexandre Zakhartchenko, l’un des chefs historiques des séparatistes pro-russes du Donbass, a été tué par l’explosion d’une bombe dans un café qui lui appartenait à Donetsk.
Électromécanicien de formation devenu entrepreneur, Alexandre Zakhartchenko, 42 ans, avait rejoint les séparatistes dès le début des combats. Commandant du bataillon « Oplot », il connut une ascension très rapide : nommé chef des forces d’autodéfense de Donetsk en mai 2014, il devint ensuite vice-ministre de l’Intérieur puis Premier ministre de la République populaire de Donetsk. En novembre de la même année, il fut élu président de cette dernière, après avoir échappé à un attentat.
Pour les responsables de république autoproclamées de Donetsk, il ne fait aucun doute que l’attentat a été commandité par le SBU, le service secret ukrainien. D’ailleurs, un conseiller d’Alexandre Zakhartchenko a prétendu, lors d’une intervention à la télévision russe, que les auteurs « présumés » avaient déjà été interpellés.
« Tout porte à croire que le régime de Kiev est derrière ce meurtre. Il a plusieurs fois utilisé de telles méthodes pour éliminer des opposants », a réagi Maria Zakharova, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères. « Au lieu de respecter les accords de Minsk et de rechercher des moyens de régler le conflit intérieur, le parti de la guerre kiévien exécute un scénario terroriste, qui ne fait que compliquer la situation dans la région. Sans tenir ses promesses de paix, Kiev a décidé de passer au bain de sang », a-t-elle ajouté.