Alors que l’industrie française de l’armement cherche à limiter autant que possible le recours à des composantes relevant de la Réglementation américaine sur le trafic d’armes au niveau international [ITAR] afin d’éviter toute restriction à l’exportation, il aurait été dommage de voir l’entreprise iséroise Dolphin Integration, spécialisée, avec ses 130 ingénieurs, dans la conception de circuits intégrés et de composants dits virtuels analogiques et numériques, fermer ses portes.
D’autant plus que cette PME, créée en 1985, avait été sélectionnée par l’Agence européenne de défense [AED] dans le cadre du programme SOC – System on Chip [.pdf], visant à permettre aux industriels européens de l’armement d’accéder à des technologies « ITAR Free » pour « des petits et moyens volumes à des prix compétitifs. » En outre, elle a mené des projets pour le compte de la Direction générale de l’armement [DGA], via le dispositif RAPID
Or, en juillet, faisant face à d’importants problèmes de trésorerie et à un chiffre d’affaires en recul, Dolphin Integration a été placé en redressement judiciaire. Et l’entreprise avait jusqu’à la mi-janvier 2019 pour trouver une solution pour assurer la poursuite de ses activités. Cette mésaventure lui est arrivée alors qu’elle avait l’ambition de devenir un acteur mondial de « la conception et de l’optimisation de circuits intégrés dédiés à la très faible consommation d’énergie » et de s’intéresser aux marchés de l’Internet des objets (IoT), de l’automobile et de la défense.
Mais il n’aura pas fallu attendre bien longtemps pour voir la situation de Dolphin Integration s’éclaircir étant donné que le missilier MBDA et Soitec, le spécialiste français de la production de matériaux semi-conducteurs, se sont associés pour reprendre la PME iséroise.
Dans le détail, le capital de Dolphin Integration sera détenu à hauteur de 40% par MBDA et de 60% par Soitec. Les deux industriels ont pris l’engagement d’investir 6 millions d’euros ensemble. De quoi permettre d’acquérir « la plupart des actifs de Dolphin Integration », de payer « certaines dettes » et d’opérer une « importante injection de liquidités destinée à financer les besoins en fond de roulement. »
Étant déjà un client « stratégique » de Dolphin Integration pour les « applications liées à l’armement depuis 2004 », MBDA va accentuer la coopération industriel avec la PME tout en lui « offrant une perspective commerciale à long terme en matière de circuits ASIC (circuits intégrés propres à une application spécifique) et systèmes sur puces. »
« L’investissement de MBDA va renforcer la base industrielle de Dolphin Integration dédiée à l’armement français. Il va en effet lui apporter une source plus stable de revenus liés à la défense ainsi qu’une coopération technologique plus étroite ouvrant à son offre
microélectronique spécialisée l’accès à l’ensemble de l’industrie de l’armement française et européenne », a expliqué Antoine Bouvier, le Pdg du missilier.