À quelques jours du 50e anniversaire du premier essai français d’une bombe thermonucléraire à Moruroa (ou Murora), les Forces armées en Polynésie française [FPAF] ont été sollicitées, le 19 août, pour réaliser une évacuation sanitaire délicate, étant donné qu’il s’agissait de récupérer une personne malade habitant l’atoll éloigné de Tenarunga.
Pour cela, un hélicoptère Dauphin N3+ de la Flottile 35F, basée à Tahiti, a été mobilisé pour réaliser, selon l’État-major des armées [EMA] l’opération d’évacuation la « plus lointaine jamais réalisée par cet aéronef ».
En effet, la mission assurée par de Dauphin N3+ de la Marine nationale aura exigé 14 heures de vol, soit le temps nécessaire pour parcourir 3.426 km (soit la distance entre Gibraltar et Helsinki). « Dans le cas d’un atoll éloigné, il faut s’assurer de pouvoir avitailler l’hélicoptère, tout en essayant de rapatrier au plus vite le patient », explique l’officier qui était de permance ce jour-là.
Pour rappel, le Dauphin N3+, utilisé par la Marine nationale pour des missions de service public ou pour servir de « Pedro » à bord du porte-avions Charles de Gaulle, a une autonomie de 4 heures (ou de 400 nautiques).
Aussi, l’appareil sollicité pour cette EVASAN [évacuation sanitaire, ndlr] a dû effectuer plusieurs étapes. Ayant décollé de Tahiti le 19 août au matin, l’appareil s’est posé successivement à Fakarava et à Hao, puis à Moruroa, où il a été rejoint par un avion Falcon « Guardian » de la Flottille 25F, à bord duquel avait pris place une équipe médicale dotée de tout le matériel nécessaire pour médicaliser le patient.
L’hélicoptère de la 35F a ensuite rallié l’atoll de Tenarunga à la nuit tombée. Là, un médecin et un infirmier ont pris en charge le patient afin de le préparer à son évacuation. Deux heures plus tard, le Dauphin N3+ décollait pour rejoindre Moruroa, où le malade et l’équipe médicale ont embarqué à bord du Falcon Guardian, lequel a ensuite mis le cap vers Tahiti.
Quant à l’équipage du Dauphin N3+, il a dû rester à Moruroa pendant la nuit avant de prendre le chemin du retour.
« Il faut prévoir également tous les aspects logistiques. Que ce soit l’ouverture des terrains ou le repos et l’alimentation des équipages, ces évacuations au milieu du Pacifique nécessitent une préparation fine », a souligné l’officier de permanence.
Et pour cause : la Polynésie française s’étend sur une surface aussi vaste que l’Europe continentale ses 118 îles et atolls ne représentent 3.500 km² sur les 5,5 millions de km² que compte sa zone économique exclusive.
Par ailleurs, le détachement polynésien de la 35F, qui compte 2 Dauphin N3+, a également assuré une mission peu commune, au début du mois d’août, en intervenant pour maîtriser un feu de brousse sur les hauteurs des jardins d’eau de Vaipahi à Papeari [Tahiti]. Pour cela, l’un de ses hélicoptères a dû réaliser 55 largages d’eau pendant les 7 heures qu’aura duré l’intervention des sapeurs-pompiers.
Pour cela, le Dauphin N3+ a mis en oeuvre, pour la première fois, le système Bambi Bucket, qui est une nacelle souple qui, transportée sous élingue, peut contenir jusqu’à 700 litres d’eau. Le remplissage de cette dernière se fait en quelques secondes, pendant que l’hélicoptère se tient en vol stationnaire à 2 mètres au-dessus de l’eau.