L’antenne 4 du Centre de recherches et d’études scientifiques de Syrie (SSRC) implantée à Masyaf, dans la province syrienne de Hama, a été visée à deux reprises par des frappes présumées israéliennes au cours de ces derniers mois. Le premier raid a eu lieu en septembre 2017 tandis que le second s’est produit il n’y a seulement que quelques jours, c’est à dire 22 juillet dernier.
La présence de spécialistes iraniens des missiles balistiques serait la cause de ces frappes contre ce site, également soupçonné de faire partie du programme syrien d’armes chimiques.
En effet, citant une service de renseignement occidental, la BBC a indiqué que l’antenne de Masyaf et celle de Barzeh [visée par l’opération Hamilton, menée par la France, les États-Unis et le Royaume-Uni en avril, ndlr] seraient « spécialisées dans l’intégration d’armes chimiques sur les missiles à longue portée et [les obus d’] artillerie. »
En outre, d’après le général Amos Yadlin, un ancien chef du renseignement militaire israélien, devenu maintenant directeur de l’Institute for National Security Studies, de l’université de Tel Aviv, le centre de Masyaf servirait également à produire des armes chimiques à base de chlore.
Étant donné les soupçons qui pèsent sur cette antenne de Masyaf, son directeur, le docteur/général Aziz Asber, pouvait être une cible à abattre. Ce qui a été fait, le 4 août.
En effet, ce jour-là, ce responsable syrien a été tué dans l’explosion de son véhicule, alors qu’il quittait son domicile, à une centaine de kilomètres de Damas. Son chauffeur y a également perdu la vie. Cette information a, dans un premier temps, été révélée par le site Internet du journal Al Watan, proche du régime de Damas, puis confirmée par l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), qui dispose d’un réseau d’informateurs en Syrie.
L’attentat contre le général Aziz Asber, qui était un proche de Bachar el-Assad, a été vite revendiquée, via le réseau Telegram, par le Bataillon « Abou Amara », un groupe rebelle syrien affilié à l’organisation Tahrir al-Cham, dont l’activité était jusqu’alors surtout limitée à Alep. Mais quel crédit donner à cette revendication?
En effet, l’attaque contre le général Asber ressemble à d’autres, qui, par le passé, ont visé des scientifiques impliqués dans le programme nucléaire iranien. Ce fut le cas, par exemple, de Mostafa Roshan, tué en 2012 dans l’explosion de sa Peugeot 405 alors qu’il était le directeur de l’unité d’enrichissement d’uranium de Natanz, ou encore celui de Majid Shahriari, fondateur de la Société nucléaire d’Iran. Évidemment, les regards se tournèrent à chaque fois vers le Mossad, le service de renseignement israélien.
En outre, si c’est effectivement ce dernier qui est derrière le premier assassinat d’un membre de haut niveau du SSRC, alors cela signifie qu’Israël a adressé un message ferme au régime syrien : non seulement ses installations abritant des activités suspectes ne sont pas en sécurité, pas plus que ne le sont ses scientifiques.