Lors d’une conférence de presse commune par le Mohamed ben Salmane, le prince héritier d’Arabie Saoudite, le président Macron a affirmé que la France annoncera « dans les prochains jours », sa réponse à l’attaque chimique qui, attribuée au régime de Damas, a visé la ville de Douma, dans la Goutha orientale, le 7 avril.
En attendant, « nous allons poursuivre les échanges d’informations techniques et stratégiques avec nos partenaires, en particulier britannique et américain », a dit M. Macron. « En aucun cas les décisions que nous prendrions n’auraient vocation à toucher des alliés du régime ou s’attaquer à qui que ce soit mais bien à s’attaquer aux capacités chimiques détenues par le régime », a-t-il ensuite précisé. Et d’ajouter : « Nous ne souhaitons aucune escalade dans la région. »
Alors que, au Conseil de sécurité des Nations unies, la Russie a mis son veto à un projet américain de résolution visant à créer un mécanisme d’enquête indépendant sur le recours aux armes chimiques en Syrie, l’ambassadeur russe au Liban, Alexander Zassipkine a assuré, via Al Manar, la chaîne de télévision du Hezbollah, que, « en cas de frappe américaine [contre le régime syrien], les missiles seront abattus et même les sources d’où proviennent ces missiles seront prises pour cibles. »
Plus tard, le Kremlin a mis en garde contre toute déstabilisation. « Nous espérons encore que toutes les parties vont éviter tout acte qui ne serait en réalité en aucun cas justifié et qui pourrait déstabiliser la situation, déjà fragile sans cela dans la région », a en effet déclaré Dmitri Peskov, le porte-parole de la présidence russe. Estimant la situation actuelle « très tendue », il a aussi affirmé que la « Russie est favorable à une enquête objective et impartiale avant d’émettre des jugements. »
Sur ce point, l’Organisation internationale sur les armes chimiques (OIAC), a annoncé l’envoi, « sous peu », en Syrie d’une équipe d’enquêteurs. Seulement, sa mission n’est pas d’identifier les responsables d’une attaque… Aux États-Unis, la porte-parole du département d’État, Heather Nauert, a salué cette décision.
Pour autant, il n’est pas question de la lier à une éventuelle riposte américaine. « Les États-Unis ont leurs propres mécanismes », « nous savons qu’un produit chimique a été utilisé même si nous ne savons pas avec certitude lequel », a dit Mme Nauert.
Quoi qu’il en soit, le président Trump ne fait aucun mystère de ses intentions. « La Russie promet d’abattre tous les missiles tirés sur la Syrie. Préparez-vous, les Russes, parce qu’ils viendront […] Vous ne devriez pas être alliés avec un animal qui tue son peuple avec des armes chimiques et qui s’en réjouit », a-t-il lancé via son compte Twitter, ce 11 avril.
Et Moscou n’a pas tardé à répliquer. en affirmant que les missiles américains devaient viser les « terroristes » et non « le gouvernement légitime syrien. » En outre, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a insinué que l’objectif des frappes annoncées serait « d’effacer rapidement les traces de provocations par des frappes de missiles intelligents » car, ainsi, « les inspecteurs n’auront plus rien à trouver en termes de preuves. »
Pourtant, le 9 avril, le Centre russe pour la réconciliation des parties en conflit en Syrie, a affirmé que ses experts n’avaient « trouvé aucune trace de l’utilisation d’agents chimiques » ni de « patients présentant des signes d’intoxication aux armes chimiques » à Douma. Et d’ajouter : « toutes les accusations portées par les Casques blancs [groupe de protection civile, ndlr], ainsi que leurs photos montrant les victimes de l’attaque chimique, ne sont rien d’autre qu’une fausse nouvelle et une tentative pour perturber le cessez-le-feu. »
Cela étant, l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA) a informé ses membres de « possibles perturbations par intermittence du fonctionnement de l’équipement de radionavigation », en raison « de possibles frappes aériennes sur la Syrie avec des missiles air-terre et/ou de croisière dans les 72 heures à venir, à partir d’hier. »
Photo : Lancement d’un missile Tomahawk par l’USS Ross, le 7 avril 2017, contre la base syrienne d’al-Shayrat