Lors du discours qu’il a prononcé devant le Parlement réuni en congrès, à Versailles, le 9 juillet, le président Macron a indiqué que les députés et les sénateurs auront à débattre d’une nouvelle réforme des retraites en 2019.
Ainsi, il s’agira de « refonder un système de retraite juste, unique, transparent, un système qui viendra progressivement remplacer la quarantaine de régimes existants », a précisé le chef de l’État, qui entend honorer ainsi une promesse faite lors de la campagne électorale de 2017.
Or, une telle réforme des retraites, qui, a priori, prévoit de mettre en place un système universel, avec la fusion des caisses et une refonte de l’épargne-retraite, préoccupe non seulement les militaires, via leurs associations professionnelles et le Conseil surpérieur de la Fonction militaire [CSFM] mais aussi leurs chefs et leur ministre, Florence Parly.
« Les militaires sont principalement des gens qui sont sous contrat, qui bénéficient, de par leur engagement sur les théâtres d’opérations […] d’un certain nombres de bonifications. Or, nous n’avons aucune assurance que, dans le prochain régime [de retraite], ces dispositifs de bonifications pourront être maintenus », avait résumé Jean-Paul Bodin, le secrétaire général pour l’administration (SGA), lors d’une audition au Sénat, en octobre dernier.
En mai dernier, recevant Jean-Paul Delevoye, le Haut-commissaire à la réforme des retraites, Mme Parly a souligné la nécessaire prise en compte de la « particularité du statut militaire ». À cette occasion, les chefs d’état-majors ont également « exprimé l’importance des pensions militaires dans la condition militaire et en matière de gestion des ressources humaines. »
Par ailleurs, cette réforme des retraites devrait être liée à la nouvelle politique de rémunération des militaires [NPRM], qui s’annonce compliquée à mettre en oeuvre.
Pour le moment, l’on ne sait que très peu de choses sur l’impact que pourrait avoir cette réforme des retraites sur la communauté militaire. Toutefois, le président Macron s’est voulu rassurant lors de son allocution prononcée à l’occasion de la réception donnée par le ministère des Armées à la veille du défilé du 14-Juillet.
« Le service des armes n’est pas un métier comme les autres. Être militaire, c’est accepter une mission à nulle autre pareille : défendre la patrie jusqu’au sacrifice ultime s’il le faut. Cette mission exhorbitante du droit commun est inséparable de deux exigences qui constituent la base de notre modèle [d’armée] », a déclaré M. Macron.
« D’abord, celle de la disponibilité permanente, car le chef de l’État doit pouvoir disposer de la force armée en tout temps pour la défense des intérêts supérieurs de la Nation. C’est ce qui explique qu’on ne puisse entrer dans une logique de décompte du temps de travail », a souligné le président, en évoquant la directive européenne sur le temps de travail, pourtant voulue par la France en 2003.
La « deuxième exigence » est « celle de la jeunesse », a continué M. Macron. « Car les opérations requièrent un très haut degré d’exigence physique et morale. Le besoin de renouveler constamment les effectifs pour garantir la jeunesse de nos armées est le prix de leur efficacité au service des Français », a-t-il fait valoir.
« La préservation de ce modèle d’armée est essentielle et j’y tiens. Chef de l’État et chef des armées, je l’assume », a insisté le locataire de l’Élysée. Aussi, a-t-il poursuivi, « dans le cadre de la réforme des retraites, […], je veillerai à ce que les spécificités du métier militaire et cette exigence du modèle [d’armée] soient en prises en compte », a-t-il assuré.