D’ici le 14-Juillet, le président Macron aura promulgué la Loi de programmation militaire 2019-25, qui prévoit d’allouer aux armées 295 milliards d’euros et de doter ces dernière d’un budget moyen de 39,6 milliards pour les cinq prochaines années (contre 34,2 milliards en 2018).
Et il ne sera pas question de revenir sur cet effort. Dans les colonnes du Journal du Dimanche, le 8 juillet, la ministre des Armées, Florence Parly, l’a répété : « le rabot, c’est fini » mais « il faut que la tranformation [des armées] se poursuive avec méthode pour être plus performant » car « l’argent est rare » et « chaque euro doit être dépensé de façon efficace. »
En outre, a prévenu Mme Parly, « on ne passe pas du jour au lendemain d’une phase de 20 ans de réductions budgétaires à une autre où tous les moyens seraient en augmentation ». En clair, il va falloir un temps d’adaptation…
Invité de RTL, ce 12 juillet, le général François Lecointre, chef d’état-major des armées [CEMA], a invité à un peu de patience. S’agissant de la hausse des budgets, « nos troupes n’en verront pas la couleur tout de suite », a-t-il en effet prévenu. Car, il faudra « forcément » du temps pour que les décisions prises et l’argent investi puissent produire leurs premiers effets.
« En fait, nous créons de l’attente par ces annonces. Et c’est normal. La politique, c’est le verbe, la décision, la volonté incarnée et traduite par des lois. La réalité, c’est que nos soldats vivent, depuis deux lois de programmation au moins, la décroissance des ressources qui leur sont consacrées et le délabrement progressif du système de défense français et de nos armées […] avec l’apparition de lacunes capacitaires, le vieillissement des équipements, le risque de surclassement dans certains domaines et des risques sur leur propre vie », a expliqué le CEMA.
Et, a-t-il ajouté, c’est ce que vivent les armées franaçaises « à une époque où nous avons tous considéré que nous étions entrés dans une période de paix universelle alors que la réalité […] était au contraire [marquée] par un engagement constant, de plus en plus fréquent et de plus en plus fort sur les théâtres d’opération extérieurs. »
Aussi, a continué le général Lecointre, il « y a eu un long processus de contraintes successives qui se sont appliquées sur les armées alors qu’elles étaient engagées de plus en plus ». D’où la situation actuelle que la LPM 2019-25 est censée corriger. Cependant, a averti le CEMA, ce processus qui « s’est produit tout au long d’une dizaine d’années va continuer de se produire en réalité car il y a un effet d’inertie. »
Aussi, les effets de la LPM ne seront donc pas immédiats (on parle, dans ce cas là, d’effet de ciseaux). Pour le général Lecointre, il faudra au moins « deux années avant que nos soldats puissent constater concrètement l’effort qui sera marqué par la Nation » pour ses armées.
Le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], le général Jean-Pierre Bosser, est d’ailleurs bien conscient du risque de ce temps de latence peut avoir sur le moral de ses troupes. D’où un effort immédiat sur les « petits équipements », avec l’arrivée annoncée de nouveaux gilets pare-balles, du treillis F-3 ou encore de tenues de sport plus seyantes (et surtout plus à la « mode »).