Après deux années fastes, avec 17 milliards de prises de commande en 2015, puis 14 autres milliards en 2016, les ventes françaises d’armement ont fortement reculé l’an passé, avec des contrats signés d’une valeur totale de 6,9 milliards d’euros.
« Le bilan de l’année 2017, avec 6,9 milliards d’euros, indique des prises de commandes dans la moyenne des années antérieures aux contrats export Rafale », précise en effet le rapport annuel du ministère des Armées relatifs aux exportations de matériels militaires.
Il faut dire que les deux années précédentes ont été exceptionnelles, avec la signature de plusieurs gros contrats, concernant notamment le Rafale (vendu à l’Égypte, au Qatar et à l’Inde). Cela aurait pu être le cas l’an passé étant donné que Doha a commandé 12 exemplaires supplémentaires de l’avion de Dassault Aviation. Seulement, ce contrat est entré en vigueur en 2018, comme devrait l’être celui portant sur l’achat de 490 VBCI par l’émirat.
Même chose pour le programme belge CAMO, qui, d’une valeur de 1,1 milliards d’euros, prévoit l’acquisition de 477 blindés « SCORPION » (dont 417 Griffon et 60 Jaguar) : le contrat devrait être signé dans les prochains jours [seule une déclaration d’intention a été signée, ndlr]
Plusieurs raisons peuvent expliquer ce « trou d’air » alors que les dépenses militaires mondiales sont en hausse, compte tenu du contexte sécuritaire. Le rapport de la Direction générale de l’armement [DGA], auquel l’AFP a pu avoir accès avant sa diffusion publique, met en cause « l’attentisme » provoqué par les élections présidentielles et législatives ainsi que « le ralentissement économique qui a touché la plupart des pays producteurs de pétrole », lequel a « entraîné le report de certains projets d’acquisition de systèmes d’armement. »
En outre, plus de la moitié des exportations françaises correspond à des commandes supérieures à 200 millions d’euros. Comme l’a récemment souligné Claire Landais, secrétaire générale de la défense et de la sécurité nationale, cela « explique également les variations annuelles qui peuvent être constatées et qui sont fonction du moment où les prises de commandes sont passées. »
Dans le détail, le Moyen-Orient a représenté, l’an passé, un peu plus de 60% des exportations françaises de militaires (3,9 milliards). Viennent ensuite la région Indo-Pacifique (17%), l’Europe et les Amériques.
« Cette stratégie d’exportation […] s’est faite dans le strict respect des engagements internationaux de la France, encadré par un dispositif de contrôle des exportations très rigoureux », fait valoir le rapport, alors que des ONG accusent la France d’avoir livré des armes utilsées par Émirats arabes unis et l’Arabie Saoudite au Yémen.