Quand il était à la Maison Blanche, le président Obama avait refusé toute livraison d’armes « létales » aux forces gouvernementales ukrainiennes, alors engagées contre les séparatistes pro-russes du Donbass. Mais depuis l’élection de Donald Trump, la position de Washington a changé.
Les accords de Minsk 2, signés par l’Ukraine et la Russie, sous l’égide de la France et de l’Allemagne, prévoyaient un cessez-le-feu entre Kiev et les séparatistes. Seulement, ce denrier n’a été jusqu’à présent que théorique.
« Avec plus de 1.000 violations du cessez-le-feu par jour et des morts quotidiennes, il est impossible de parler de conflit gelé ou de stabilisation. Il s’agit d’une vraie guerre, brutale », fit valoir, en août 2017, Kurt Volker, le représentant spécial américain pour l’Ukraine. Pour lui, l’objectif de Moscou était alors de « maintenir la pression sur Kiev et d’accentuer la coupure entre le Donbass et le reste de l’Ukraine. » D’où son plaidoyer pour livrer des missiles antichar Javelin aux forces ukrainiennes.
En décembre de la même année, Rex Tillerson, qui était alors le chef de la diplomatie américaine, s’était montré catégorique : le dossier ukrainien ne pouvait être qu’un obstacle à la « normalisation » des rapports entre Washington et Moscou. Et tant que la Russie « ant que la Russie exercera son contrôle sur la Crimée et s’impliquera dans le Donbass, les États-Unis ne lèveront pas leurs sanctions », avait-il prévenu lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe [OSCE].
Aussi, début mars, et comme le voulaient le Pentagone et le département d’État, la vente à l’Ukraine de 210 missiles FGM-148 Javelin et de 37 postes de tirs (coût : 47 millions de dollars) a été approuvée par la Defense Security Cooperation Agency (DSCA), l’agence chargée des exportations d’équipements militaires américains.
« Le système Javelin aidera l’Ukraine à construire ses capacités de défense à long terme pour protéger sa souveraineté et son intégrité territoriale », avait plaidé l’agence américaine.
Les choses n’ont pas traîné puisque, à peine deux mois plus tard, l’armée urkrainienne a indiqué avoir testé pour la première fois, le 22 mai, ces missiles Javelin, de type « tire et oublie » et dotés d’une charge tandem à forte létalité.
« Ce jour est enfin arrivé. Pour la première fois, des systèmes antichars de troisième génération Javelin ont été testés en Ukraine », s’est félicité Petro Porochenko, le président ukrainien. « Les capacités militaires de l’armée ukrainienne se sont considérablement renforcées à partir de ce jour », a-t-il ajouté, après s’être rendu sur l’un des sites où ces Javelin ont été testés.
Cette annonce au sujet des missiles Javelin des forces ukrainiennes a été faite alors que, depuis quelques jours, les combats ont apparemment pris de la vigueur, à en croire les observateurs de la Mission spéciale de surveillance de l’OSCE [SMM].
« La semaine passée a été, à bien des égards, la pire de qu’on a observé cette année. Au total, nous avons enregistré 7.700 violations de la trêve », a en effet indiqué, le 21 mai, la SMM.
Dans un compte-rendu, les observateurs de l’OSCE ont prévenu que ces récents combats, qui ont coûté la vie à au moins 11 personnes en 6 jours, sont susceptibles de mettre en péril les infrastructures d’approvisionnement en eau de la région ainsi que des lignes d’alimentation électrique.