Quelques heures avant l’annonce, par le président Trump, du retrait des États-Unis de l’accord sur le programme nucléaire iranien, conclu en juillet 2015, l’état-major israélien avait affirmé avoir détecté des « préparations » iraniennes visant à tirer des missiles – des Fateh 110 -depuis la Syrie en direction d’Israël et, par conséquent, mis ses troupes en alerte. Cette annonce n’était alors pas surprenante étant donné que Téhéran avait parlé de « représailles » contre l’État hébreu après plusieurs raids de Tsahal contre des positions militaires iraniennes implantées sur le territoire syrien.
D’ailleurs, dans la nuit du 8 au 9 mai, un nouvelle frappe attribuée à Israël et ayant visé un dépôt d’armes appartenant aux Gardiens de la révolution iraniens, situé dans le secteur de Kiswa, près de Damas, aurait tué 15 combattants pro-régime étrangers dont 8 Iraniens.
Plus tard, des éléments iraniens ont tiré une salve d’au moins 20 roquettes contre des positions de Tsahal installées sur le plateau du Golan. Ces projectiles ont en grande partie été interceptés par le système Iron Dome, qui constitue le premier niveau de la défense antimissile israélienne.
Ce dispositif a la particularité de discriminer les projectiles en fonction de leur dangerosité. Les roquettes n’ayant pas été interceptées et détruites par cette batterie Iron Dome n’ont causé que des dégâts « minimes », selon l’armée israélienne.
« Les projectiles iraniens ont été tirés de la partie syrienne du Golan peu après minuit (mercredi 21h00 GMT) par les hommes de la brigade iranienne al-Qods », a précisé le lieutenant-colonel Jonathan Conricus, le porte-parole de l’armée israélienne.
Dirigée par le général Qasem Soleimani, al-Qods est l’unité d’élite des Gardiens de la révolution iraniens, chargée des opérations extérieures.
« L’armée israélienne considère cette attaque iranienne contre Israël avec une très grande sévérité », a ajouté le lieutenant-colonel Conricus.
Ce tir de roquettes en direction du plateau du Golan est la seconde attaque lancée directement par l’Iran contre Israël. En février, un drone de conception iranienne (mais copié sur un RQ-170 Sentinel perdu par les forces américaines au-dessus de l’Iran en 2011), avait été détruit après être entré dans l’espace aérien israélien alors qu’il était, selon Tsahal, chargé d’explosifs. Cette intrusion avait ensuite donné lieu à des frappes israéliennes contre la base syrienne de Tiyas (T4), d’où était a priori parti l’appareil en question.
Quoi qu’il en soit, l’armée israélienne a immédiatement réagi après les derniers tirs attribués à l’unité al-Qods en lançant une riposte massive contre les bases iraniennes en Syrie.
Plus tard, le lieutenant-colonel Conricus a indiqué que les forces armées israéliennes ont « frappé des dizaines d’objectifs militaires iraniens en Syrie, en réponse à l’attaque de roquettes iranienne contre Israël. »
Toujours selon le porte-parole de Tsahal, les cibles iraniennes visées étaint des dépôts de munitions, des entrepôts logistiques, des postes d’observation et des bases militaires. « Nos forces aériennes ont affronté un feu antiaérien massif », a-t-il précisé, en évoquant des « dizaines de missiles sol-air » contre les chasseurs-bombardiers israéliens. Ces derniers n’auraient subi aucune perte. En outre, a-t-il aussi dit, les forces russes, qui soutiennent le régime syrien, avaient été préalablement informées de cette riposte via « via un mécanisme que nous avons à notre disposition. »
À Damas, l’agence officielle SANA a admis que « certains missiles ont touché des bases militaires ainsi qu’un dépôt d’armes et un radar militaire », sans donner de précision sur leurs positions. Les « batteries anti-aériennes syriennes ont abattu des dizaines de missiles israéliens », a-t-elle également assuré, sans que l’on puisse avoir de confirmation.
« Nous avons frappé presque toutes les infrastructures iraniennes en Syrie », a ensuite expliqué Avigdor Lierberman, le ministre israélien de la Défense. « Ils [les Iraniens] ne doivent pas oublier l’adage selon lequel, si la pluie nous tombe dessus, la tempête s’abattra sur eux », a-t-il ajouté. Et de conclure : « J’espère que cet épisode est clos et qu’ils ont compris. »
Le gouvernement israélien avait maintes fois prévenu Téhéran au sujet de ses implantations militaires sur le territoire syrien. Encore récemment, M. Lierberman avait assuré qu’Israël « ne permettrait pas d’ancrage iranien en Syrie, quel que soit le prix à payer » car « nous n’avons pas d’autre option. »
« L’agression iranienne est une autre preuve des intentions derrière la mise en place du régime iranien en Syrie et de la menace qu’elle représente pour Israël et la stabilité régionale. Tsahal ne permettra pas à la menace iranienne de s’établir en Syrie. Le régime syrien sera tenu responsable de tout ce qui se passe sur son territoire », ont une nouvelle fois averti les forces israéliennes, peu après leur riposte.