En novembre 2017, alors qu’un missile balistique Borkan 2H (dérivé d’un engin iranien) tiré depuis le Yémen par les rebelles Houthis venait de tomber dans une « zone inhabitée » de l’aéroport de Riyad, l’Arabie Saoudite évoqué une « agression militaire flagrante » commise par le régime de Téhéran. Et d’affirmer qu’elle se réservait le droit de « de répondre à l’Iran au moment approprié et de manière appropriée. »
Et le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salman, avait estimé que « l’implication de l’Iran dans la fourniture de missiles aux Houthis » était une « agression militaire directe » contre son pays.
Depuis, un rapport des Nations unies a confirmé l’origine iranienne des missiles utilisés par la rébellion houthiste et accusé l’Iran d’avoir violé l’embargo sur les armes imposé au Yémen. Et la réponse promise par Riyad n’a pas eu lieu. Qu’en sera-t-il après la salve de 7 missiles balistiques tirés en direction de l’Arabie Saoudite depuis le Yémen, le 26 mars?
« Nous nous réservons le droit de riposter contre l’Iran en temps et lieu », a affirmé le colonel Turki al-Maliki, le porte-parole saoudien de la coalition arabe, qui, dirigée par Riyad, soutient les autorités yéménites reconnues par la communauté internationale contre les rebelles Houthis, soutenus par l’Iran.
Ces nouveaux tirs de missile, qui ont tué un ressortissant égyptien, constituent une « sérieuse escalade », a fait valoir le colonel al-Maliki. Et la coalition « prendra toutes les mesures pour assurer la sécurité » du royaume saoudien », a-t-il ajouté.
Les États-Unis, la France et le Royaume-Uni ont condamné ces tirs de missiles contre l’Arabie Saoudite. La diplomatie britannique a même demandé à l’Iran de « cesser d’envoyer des armes qui prolongent le conflit » au Yémen. Aussi, Téhéran n’a pas répondu à Riyad mais à Londres.
« Sans l’ombre d’un doute, la Grande-Bretagne a une responsabilité directe dans les crimes de guerre commis (…) au Yémen, en vendant des armes » aux pays de la coalition sous commandement saoudien, a ainsi répliqué le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères.
Pour marquer le 3e anniversaire du début de l’intervention de la coalition arabe au Yémen, les rebelles Houthis ont organisé, le 26 mars, un rassemblemement à Sanaa, la capitale. « S’ils veulent la paix, comme nous leur avons déjà dit, arrêtez vos frappes aériennes et nous arrêterons nos missiles. […] Si vous continuez vos frappes aériennes, nous avons le droit de nous défendre par tous les moyens disponibles », a lancé, à cette occasion, Saleh Ali al-Sammad, le chef de la branche politique de la rébellion.
La raison de l’intervention de la coalition arabe au Yémen est que l’Arabie Saoudite, comme d’ailleurs les monarchies sunnites du golfe arabo-persique, craint d’être encerclée par l’Iran chiite, qui pousse ses pions en Irak, en Syrie et au Liban.
En outre, en s’assurant du soutien d’un régime qui lui serait favorable au Yémen, l’Iran aurait de facto le contrôle de deux détroits stratégiques – Ormuz et Bab el-Mandeb, lesquels sont essentiels pour le commerce international.