Immobiliser un avion F-35B le temps qu’une pièce usée servant d’amortisseur sur une trappe de son train d’atterrissage soit commandée et livrée n’est pas une option. Surtout en cas de crise. C’est pourtant ce qui a failli arriver à l’un des appareils du Marine Fighter Attack Squadron 121, déployé au Japon au sein du 31st Marine Expeditionary Unit.
Aussi, le Combat Logistic Battalion (CLB) 31 a récemment eu l’idée de fabriquer une telle pièce en utilisant une imprimante 3D, qui permet d’obtenir un objet par la juxtaposition de couches successives d’un matériau en fonction de plans élaborés par CAO (Conception assistée par ordinateur). Et, le 16 avril dernier, un F-35B a ainsi pu décoller avec un composant produit par ce procédé.
Normalement, il aurait fallu au CLB 31 commander non pas la seule pièce défectueuse mais une nouvelle trappe de train d’atterrissage, ce qui aurait été à la fois long et coûteux. Toutefois, il n’y coupera pas étant donné que la réparation faite avec un composant obtenu par impression 3D ne peut être que provisoire.
Selon le Pentagone, grâce à processus défini par le Naval Air Systems Command, il a fallu seulement quelques jours pour fabriquer et installer la pièce de rechange.
« En tant que commandant, mon bien le plus important est le temps », a souligné le lieutenant-colonel Richard Rusnok, le chef du Marine Fighter Attack Squadron 121. « Bien que nos logisticiens accomplissent un travail exceptionnel en nous procurant les pièces dont nous avons besoin, être en mesure de les fabriquer rapidement les nôtres est un énorme avantage », a-t-il ajouté.
Cependant, fabriquer une pièce de rechange par impression 3D pourrait pourrait enfreindre la législation sur les droits d’auteur et les brevets. Et cette question n’a pas été abordée par le Pentagone.
Reste que faire voler un avion de combat utilisant des pièces conçues par impression 3D n’est pas inédit. Ainsi, par exemple, un Tornado GR4 de la Royal Air Force avait pris l’air avec de tels composants, dans le cadre d’essais conduits par BAE Systems.
« Vous n’êtes désormais plus bloqués dans un endroit pour fabriquer ces objets. […] S’il est possible d’apporter des machines jusque sur la ligne de front, cela améliore aussi notre potentiel là où d’habitude nous n’aurions pas eu de capacité de production », avait alors expliqué Mike Murry, un ingénieur du groupe britannique.
Plus largement, l’impression 3D ouvre d’autres possibilités, comme par exemple fabriquer une pièce d’une machine qui en était jusque-là dépourvue. Ainsi, le CLB 31 a conçu un composant servant à protéger la lentille d’une caméra utilisée par un robot de type iRobot 310, utilisé pour les opérations de déminage.
« Trouver des solutions innovantes à des problèmes complexes renvoie vraiment à nos principes fondamentaux en tant que Marines », a souligné le sergent Adrian Willis, un technicien en informatique et en télécommunications.
L’usage de l’impression 3D devrait donc se généraliser au sein des Marines. Et une banque de données permettra aux différentes unités de télécharger les modèles (ou gabarits) de pièce dont elles pourraient avoir besoin.