Conformément à la décision affirmée par le président Macron, le projet de Loi de programmation militaire 2019-2025 prévoit le renouvellement des deux composantes de la dissuasion nucléaire (océanique et aéroportée).
Actuellement, les Forces aériennes stratégiques (FAS) et la Force aéronavale nucléaire (FANu) mettent en oeuvre le missile ASMP-A (air-sol moyenne portée – amélioré), lequel subira une rénovation à mi-vie afin d’anticiper l’évolution des défenses adverses et de le maintenir opérationnel pendant une quinzaine d’années.
À terme, cet ASMP-A sera remplacé par un nouveau missile, l’ASN4G (air-sol nucléaire de 4e génération). Selon toute vraisemblance, cet engin sera « hypervéloce », c’est à dire qu’il pourra voler à une vitesse hypersonique (+Mach 5). « C’est peut-être dans le domaine aéroporté que se profile une véritable rupture technologique », estimèrent les sénateurs Xavier Pintat et Jeanny Lorgeoux, dans un rapport publié en juin 2017.
Seulement, une question se pose : quel sera l’avion susceptible d’emporter un tel missile? Les deux sénateurs avaient en effet que cet engin pourrait « rendre nécessaire » un appareil d’une « taille supérieure », et donc un « changement de plateforme ou une modernisation substantielle de l’actuel porteur », c’est à dire le Rafale B (ou M). Toutefois, avaient-ils ajouté, « un compromis vitesse/furtivité permettrait de conserver le porteur actuel tout en garantissant un niveau de performance suffisant. »
Lors de son audition par les députés de la commission de la Défense, Éric Trappier, le Pdg de Dassault Aviation, a évoqué cette question. Le missilier MBDA « prépare la nouvelle génération de missile pour essayer d’aller, avec de l’hypervélocité, plus précisément, de manière plus lointaine et plus rapide vers les objectifs. Il faudra évaluer l’évolution que le porteur devra avoir », a-t-il confirmé.
« Très certainement, a-t-il ajouté, ce porteur sera un avion de combat. Très certainement, ce sera le Rafale. Mais est-ce que ce sera un Rafale amélioré ou pas, la question est posée entre les services, les militaires et nous ».
En novembre, dans le cadre des débats relatifs au projet de loi de finances pour 2018, le chef d’état-major de l’armée de l’Air (CEMAA), le général Andra Lanata, avait expliquer que les études en cours devaient « les compromis entre le porteur et le vecteur » et qu’à ce stade, « rien ne permettait d’affirmer qu’il faudrait augmenter la taille du porteur. » Dans le cas contraire, cela aurait évidemment des conséquences sur la FANu (sur laquelle le chef d’état-major de la Marine nationale n’est que trop rarement interrogé).
En réalité, tout dépendra des moyens… « Ce que je comprends, c’est qu’il y aura une revoyure [de la LPM 2019-2025] en 2020 sur ces domaines là », a dit M. Trappier. Ce qui sous-entend que les décisions seront prises en fonction de la situation économique à ce moment-là.