« Le besoin d’édifier une marine forte n’a jamais été aussi pressant qu’aujourd’hui » a affirmé, ce 12 avril, le président chinois, Xi Jinping, alors qu’il assistait à de vastes manoeuvres navales en mer de Chine méridionale, une région stratégique dont l’appartenance est revendiquée par Pékin dans sa quasi-totalité, en dépit des prétentions des autres pays riverains (Vietnam, Philippines, Malaisie, Brunei).
Ces manoeuvres, qui ont eu lieu alors que, au nom de la liberté de navigation, un porte-avions américains croise actuellement dans la zone, au large des Philippines, ont mobilisé 48 navires, 76 aéronefs et plus de 10.000 marins des forces navales chinoises. Le porte-avions Liaoning était aussi de la partie.
Pour appuyer ses prétentions en mer de Chine méridionale, alors que, selon la Cour permanente d’arbitrage (CPA) de La Haye a jugé qu’elles ne reposaient sur « aucun fondement juridique », Pékin pratique la politique du fait accompli, en particulier en militarisant des îlots dont elle a pris le contrôle, en vue d’y installer des capacités anti-accès et d’interdiction (A2/AD).
Mais cette région n’est pas la seule à susciter l’intérêt de la Chine. Et la question de Taïwan s’impose à Pékin, d’autant plus que Washington semble remettre en cause le principe d’une « seule Chine », ou du moins s’affranchir d’éventuelles rodomontades chinoises en resserrant ses liens avec Taipeh.
Ainsi, depuis plusieurs mois, la Chine met la pression sur Taïwan, qu’elle considère comme une « province rebelle ». Cette attitude a d’ailleurs été dénoncée par la présidente taïwanaise, Tsai Ing-wen. Cette dernière a fustigé, en janvier, « les récentes actions unilatérales » chinoises, comme « l’extension du couloir aérien M503 » ou encore le « renforcement des manoeuvres militaires » menées par l’Armée populaire de libération (APL), en les jugeant « déstabilisatrices. »
Pour autant, cela n’empêchera nullement la Chine d’effectuer de nouveaux exercices dans le détroit de Taïwan, comme elle l’a annoncé ce 12 avril.
« Des manoeuvres militaires à tirs réels auront lieu […] dans le détroit de Taïwan 18 avril 2018 entre 08H00 et minuit », a en effet annoncé l’Administration océanique du Fujian (est), la province située en face de Taïwan.
« L’armée peut assurer une surveillance globale et faire face à toute situation dans la région afin de garantir la sécurité nationale », a immédiatement réagi le minsitère taïwanais de la Défense.
En mars, le président Xi avait lancé un avertissement, en réaction à l’attitude plus conciliante des États-Unis à l’égard de Taïwan. « Tous les actes et tous les stratagèmes visant à diviser la Chine sont voués à l’échec et s’exposeront à la condamnation populaire et à la punition de l’Histoire », avait-il affirmé.