Depuis que Donald Trump est à la Maison Blanche, plusieurs responsables liés de près ou de loin au renseignement, à la défense et à la diplomatie, ont été remplacés ou mutés.
Ainsi, le poste de conseiller à la sécurité a changé quatre fois de titulaire (le général Flynn a été remplacé par le général Kellogg Jr, qui a lui même dû s’effacer devant le général H.R McMaster, lequel a cédé la place à John Bolton). Et, alors qu’il était le directeur de la CIA, Mike Pompeo a succédé à Rex Tillerson à la tête de la diplomatie américain. Seul l’ex-général James Mattis est resté à l’écart de ce jeu des chaises musicales. Du moins jusqu’à présent.
En septembre, la position de M. Mattis semblait menacée, d’autant plus que le journaliste Bob Woodward, qui était à l’origine du scandale du Watergate qui coûté la Maison Blanche à Richard Nixon, rapporta des propos peu amènes qu’il aurait tenus à l’endroit du président Trump.
« Les secrétaires à la Défense ne choisissent pas toujours les présidents pour qui ils travaillent », aurait affirmé M. Mattis, après avoir laissé éclaté son exaspération au sujet d’une conversation qu’il venait d’avoir avec M. Trump. Ce qu’avait vivement démenti l’intéressé par la suite. « Les mots méprisants à propos du président qui m’ont été attribués dans le livre de Woodward n’ont jamais été prononcés par moi ou en ma présence », s’était-il défendu.
Surnommé « Mad Dog » quand il était encore en activité (une expression qu’il n’apprécie pas), le général Mattis avait été encensé par le chef de la Maison Blanche lors de sa nomination à la tête du Pentagone. Seulement, dans le même temps, le site Politico rapporta que M. Trump qualifiait désormais le chef du Pentagone de « moderate dog », probablement en raison de leurs divergences de vues sur l’Iran, l’opportunité de créer une force spatiale ou encore sur l’idée de « privatiser » l’engagement militaire américain en Afghanistan.
Visiblement, Politico avait une bonne source. Le 14 octobre, lors de l’émission « 60 Minutes », diffusée par CBS, M. Trump a estimé que James Mattis était « une sorte de démocrate », alors qu’il avait exprimé des désaccords avec l’administration Obama et refusé toute ouverture de la part de l’équipe de campagne d’Hillary Clinton lors de la campagne présidentielle de 2016.
« J’ai déjeuné avec lui il y a deux jours. J’ai une très bonne relation avec lui », a dit M. Trump au sujet de James Mattis. « Je pense que c’est une sorte de démocrate, si vous voulez la vérité. Mais le général Mattis est un gars bien. On s’entend très bien. Il pourrait partir. À un certain moment, tout le monde part. Tout le monde. Les gens partent. C’est ça Washington », a-t-il toutefois ajouté.
Interrogé sur le « chaos » qui régnerait à la Maison Blanche à cause des départs et des limogeages de plusieurs responsables au cours de ces derniers mois, M. Trump a dénoncé une « fausse information. » Cependant, a-t-il dit, « d’autres gens vont partir. […] Je suis en train de réorganiser les choses et j’en ai le droit. » Et d’ajouter : « Je pense que nous avons un gouvernement fantastique. Je ne suis pas content de certaines personnes […]. Et je suis plus que ravi d’autres personnes. »
Les décisions promises par M. Trump pourraient être annoncées après les élections de mi-mandat. L’on verra alors si James Mattis restera ou non à la tête du Pentagone. Mais les derniers propos tenus pas le chef de la Maison Blanche suggèrent qu’il y aura un nouveau secrétaire à la Défense d’ici la fin de cette année.