Alors que, ce 25 septembre, entrent en vigueur de nouveaux droits de douanes décidés par l’administration Trump sur 200 milliards de dollars de biens en provenance de la Chine, la Defense Security Cooperation Agency [DSCA], l’agence chargée des exportations d’equipements militaires américains, a recommandé au Congrès d’approuver une vente de 330 millions de dollars destinée à Taïwan, considérée par Pékin comme étant une province « rebelle ».
Dans le détail, il s’agit de livrer aux forces aériennes taïwanaises des pièces de rechange pour leurs avions C-130H Hercules (transport), F-5E/RF-5E et F-CK-1 « Ching-Kuo » [aussi connu sous le nom d’Indigenous Defense Fighter – IDF].
« La vente proposée va contribuer à la politique étrangère et à la sécurité nationale des Etats-Unis en aidant à améliorer les capacités de sécurité et de défense du destinataire, qui a toujours été et qui reste une force importante de stabilité politique, d’équilibre militaire et de progrès économique dans la région », explique la DSCA, dans son avis. En outre, a-t-elle ajouté, cela ne « modifiera pas l’équilibre militaire de base dans la région. »
Cet annonce, qui vient, par ailleurs, après que Washington a décidé de sanctionner une agence relevant du minstère chinois de la Défense pour l’achat d’équipements militaires russes (en l’occurrence des avions Su-35 et des systèmes de défense aérienne S-400), a évidemment fait réagir Pékin.
« Nous exprimons notre fort mécontentement et notre ferme opposition », a affirmé Geng Shuang, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. « Nous exhortons la partie américaine à […] retirer ce projet de vente d’armes et à stopper tout contact militaire avec Taïwan, sous peine de porter gravement atteinte aux relations bilatérales », a-t-il ajouté.
Cela étant, la réaction chinoise n’est qu’un « copié-collé » d’avertissements du même ordre adressés précédemment à Washington… Comme par exemple en juin 2017, quand l’administration américaine approuva une vente de munitions de 1,3 milliard de dollars à Taïwan. À l’époque, il était question de livrer des missiles AGM-154 Joint Standoff Weapon, AGM-88 HARM (anti-radar) et SM-2 Block IIIA (défense aérienne) ainsi que des kits de conversion de torpilles légères et des systèmes de guerre électronique pour 4 destroyers de la classe Kee Lung.
Dès qu’il a été élu, M. Trump a pris ses distances avec le principe de « Chine unique » (ou d’une « seule Chine »). Ainsi, avant son investiture, il avait eu une conversation téléphonique avec Tsai Ing-wen, la présidente taïwanaise, ce qui provoqua un tollé à Pékin.
« Je ne sais pas pourquoi nous devons être liés à la politique de la ‘Chine unique’, à moins que nous ne passions un accord avec la Chine pour obtenir d’autres choses, y compris sur le commerce », s’était ensuite justifié M. Trump.
Depuis que ce dernier est à la Maison Blanche, Washington a pris plusieurs décisions visant à renforcer ses liens avec Taipeh. Outre les ventes d’équipements militaires, de nouveaux locaux pour l’Institut américain de Taïwan, qui a quasiment le statut d’une ambassade, ont été inaugurés le 12 juin, l’US Navy a été autorisée à faire relâche dans des ports de l’ex-Formose et une aide pour développer des sous-marins pour la marine taïwanaise a été accordée.
De son côté, la Chine n’a cessé d’accentuer la pression sur Taïwan sur le plan militaire, avec des manoeuvres fréquentes dans son environnement proche, et de chercher à l’isoler sur la scène internationale, en lui arrachant un à un ses soutiens, grâce à une politique généreuse du carnet de chèque.
« Si les efforts de sécession se poursuivent indéfiniment, l’Armée populaire de Libération n’aura d’autre choix que d’unifier Taiwan par la force », a d’ailleurs prévenu un porte-parole du ministère chinois de la Défense, en avril dernier.