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Lors d’une audition à l’Assemblée nationale, en juillet 2017, le chef d’état-major de la Marine nationale (CEMM), l’amiral Christophe Prazuck, s’était dit « pas satisfait de la disponibilité ni du coût d’entretien » de l’hélicoptère NH-90 « Caïman » NFH, pourtant récemment mis en service. Et de préciser qu’il fallait « plus de 30 heures d’entretien pour une heure de vol » effectuée avec cet appareil. En 2016, le coût du maintien en condition opérationnelle (MCO) pour 17 machines s’était élevé à 47 millions d’euros, soit 2,6 millions par unité.
Cette situation n’est pas propre à la Marine nationale. En 2001, la Norvège a commandé 14 NH-90 « Caïman » auprès du consortium NHIndustries (Airbus Helicopters, Fokker et AgustaWestland), afin d’équiper ses frégates (6 exemplaires dediés à la lutte anti-sous-marine) et ses gardes-côtes (8 unités, pour la recherche en mer et le sauvetage).
Actuellement, la Force aérienne royale norvégienne dispose de 6 NH-90 NFH. Et le retour d’expérience est plutôt décevant. Début janvier, le quotidien Aftenposten a révélé que le coût d’une heure de vol avec cet appareil revenait à 175.000 couronnes norvégiennes (soit un peu plus de 18.000 euros), notamment à cause de diffcultés pour l’approvisionnement en pièces détachés et de problème de « maturité ».
L’amiral Haakon Stephen Bruun-Hanssen, le chef d’état-major norvégien, a confirmé ces problèmes lors de la présentation, la semaine passée, du rapport annuel sur les forces armées. Et ces derniers sont d’autant plus gênants que la Norvège fait face à la présence croissante de sous-marins russes dans son environnement immédiat. D’où, d’ailleurs, l’achat d’avions de patrouille maritime P8 Poseidon auprès de Boeing afin de remplacer les P3 Orion desormais dépassés.
Reste que, pour l’amiral Bruun-Hanssen, la « nécessité d’une capacité robuste pour conduire la chasse sous-marine a augmenté », avec la « mise en service de nouveaux types de sous-marins [russes] ». Et les heures de vol de la flotte des NH-90 devraient être entièrement dédiées aux frégates. Ce qui pose un autre problème : celui de la garde-côtière norvégienne, qui a besoin d’appareils pour mener à bien ses missions.
Une étude publiée au début de cette année indiquait que les NH-90 devaient effectuer 5.400 heures de vol par an pour répondre aux besoins des gardes-côtes et ceux de lutte ASM. Or, la disponibilité évaluée par l’état-major norvégien ne serait que de 2.100 heures par an.
« L’analyse montre que le NH90 ne sera pas en mesure de répondre aux besoins des frégates et des garde-côtes », y était-il affirmé. D’où le recours éventuel à des hélicoptères loués auprès du secteur civil pour les besoins de la garde-côtière.
Dans l’immédiat, la situation ne va pas s’arranger. « Les six NH-90 que nous avons aujourd’hui doivent être renvoyés à l’usine pour des mises à niveau opérationnelles. Combiné avec d’autres défis d’entretien, cela réduira le temps de vol disponible dans les prochaines années », a expliqué Mme le général Tonje Skinnarland, chef d’état-major de la Force aérienne royale norvégienne.
Mais « quand il vole, le NH-90 a des capacités formidables. Nous travaillons dur pour optimiser le fonctionnement et la maintenance afin d’obtenir le maximum d’effet et de temps de vol », a-t-elle ajouté.
Plus généralement, et alors qu’elles disposent de quelques Bell 412, les forces armées norvégiennes manquent cruellement d’hélicoptères de manoeuvre (voire d’attaque). S’agissant des appareils de transport, une solution passerait, là-encore, le secteur privé. Mais il y a une limite de taille. « Nous ne pouvons pas utiliser d’hélicoptères civils ou privés dans une situation de combat », a en effet rappelé l’amiral Bruun-Hanssen.