En mai 2013, le gouvernement allemand annula l’achat de cinq drones EuroHawk auprès du constructeur américain Northrop Grumman et de Cassidian [Airbus Defence & Space], après avoir dépensé 508 millions d’euros pour financer un prototype.
Ce programme consistait à développer un drone HALE (Haute Altitude Longue Endurance) sur la base du RQ-4 Global Hawk, avec des capteurs fournis par Airbus. Il s’agissait alors de remplacer les Bréguet Atlantic SIGINT de la Bundeswehr.
Seulement, se trouvant dans l’impossibilité d’obtenir un certificat de navigabilité pour permettre aux EuroHawk de voler dans l’espace aérien européen, le ministre allemand de la Défense, Thomas de Maizière décida de jeter l’éponge. Ce qui lui valut une pluie de critiques sur la façon dont il avait géré ce dossier.
En 2017, n’ayant toujours pas comblé ses lacunes capacitaires avec le retrait des BR 1150 M, Berlin annonça son intention de commander 3 drones MQ-4C Triton, c’est à dire la version navale du RQ-4 Global Hawk. Et comme pour les EuroHawk, il était question de leur intégrer des capteurs livrés par Airbus (programme Pegasus).
Dans un avis publié le 5 avril, la Defense Security Cooperation Agency (DSCA), l’agence chargé des exportations américaines d’équipements militaires, a indiqué avoir recommandé au Congrès d’approuver la vente potentielle à l’Allemagne non pas de trois mais de quatre MQ-4C Triton pour un montant total de 2,5 milliards de dollars (un peu plus de 2 milliars d’euros). Cette somme comprend, outre les drones, une station de contrôle de mission, des pièces de rechange (dont un moteur Rolls Royce F-137), des services de soutien et de la formation.
Cette vente de MQ-4C Triton « comblera un déficit de capacité crucial et renforcera l’interopérabilité » et elle « contribuera à faire en sorte que l’Allemagne soit en mesure de continuer à surveiller et à dissuader les menaces régionales » en renforçant « de manière significative les capacités de renseignement, de surveillance et de reconnaissance (ISR) de l’Allemagne » ainsi que « la sécurité collective globale de l’Union européenne et de l’Otan », explique la DSCA.
La production du MQ-4C Triton a été lancée en septembre 2016. Initialement développé pour l’US Navy, cet appareil a une envergure de 40 mètres pour une longueur de 14,5 mètres. Il peut voler à 60.000 pieds d’altitude, à la vitesse de 530 km/h. Son endurance est de 30 heures. À ce jour, l’Australie est le seul client étranger, avec 7 unités commandées. Quant à la marine américaine, elle en attend 68 exemplaires, lesquels seront utilisés aux côtés des avions de patrouille maritime P8 Poseidon.