Cela fait très longtemps que les parlementaires américains ne s’étaient pas mis d’accord aussi rapidement sur le budget du Pentagone.
En effet, le 1er août, soit une semaine après la Chambre des représentants, le Sénat a adopté, à large majorité (87 voix pour, 10 contre) le projet de « National Defense Authorization Act » [NDAA], qui fixe le niveau des dépenses militaires américaines à 716,3 milliards de dollars pour 2019. Sur cette somme, 69 milliards serviront à financer les opérations extérieures [Overseas contingency operations, OCO].
« Je suis reconnaissant envers la détermination des membres du Congrès des deux partis [républicain et démocrate, ndlr] à adopter la NDAA en temps record cette année », s’est félicité James Mattis, le secrétaire américain à la Défense.
Sans trop entrer dans le détail des 1.800 pages que compte ce projet de NDAA, l’une des mesures phares prévoit une hausse de 2,6% de la solde des membres des forces armées américaines, ce qui représente la plus importante augmentation sur la décennie. Et il est question de recruter 15.600 militaires de plus, dont 7.000 pour l’US Army.
S’agissant des capacités opérationnelles, 40,8 milliards de dollars seront destinés à « surmonter la crise de l’aviation militaire », qui a connu une hausse inquiétante du nombre d’accidents au cours de ces derniers mois. Ce phénomène serait en partie lié aux conséquences des restrictions imposées lors de la mise sous sequestre du budget fédéral américain. En outre, 17,7 milliards de dollars seront utilisés pour réhabiliter et/ou régénérer des équipements usés de l’US Army et une enveloppe de 23,5 milliards de dollars devrait être investie pour les infrastructrures.
Quant aux équipements, ce projet de NDAA – qui reste encore à être approuvé par le président Trump – autorise, entre autres, l’acquisition de 77 F-35, de 15 avions ravitailleurs KC-46 et le lancement de la construction d’un quatrième porte-avions de la classe Ford ainsi que de 3 Littoral Combat Ship (LCS) et de 6 brise-glaces polaires.
Mais le projet de NDAA ne concerne pas seulement les dépenses militaires américaines. Ce texte contient également d’autres mesures législatives. Ainsi, les parlementaires ont interdit au Pentagone de livrer le moindre avion de combat F-35A à la force aérienne turque tant qu’Ankara maintiendra sa volonté d’acquérir des systèmes de défense aérienne S-400 « Triumph » auprès de la Russie. Ou du moins, les appareils destinés à la Turquie ne sauront pas autorisés à quitter le territoire américain.
Cependant, et à la demande du Pentagone, d’autres le projet de NDAA autorise des exceptions à la loi dite « CAATSA » [Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act, ndlr] afin de ne pas sanctionner certains pays qui, actuellement clients de l’industrie russe de l’armement, sont susceptibles d’acquérir des équipements militaires de facture américaine. Tel est le cas, par exemple, de l’Inde, que Washington entend ménager face à la Chine.
Photo : Porte-avions USS Gerald Ford