Le 3 avril, un avion AV-8B Harrier du 26th Marine Expeditionary Unit (MEU) s’est écrasé à l’aéroport international Ambouli, à Djibouti. Ayant pu s’éjecter à temps, le pilote de l’appareil a été admis à l’antenne médicale du Camp Lemonnier, utilisé par les forces américaines depuis 2002. Dans la foulée, et par mesure de précaution, le Pentagone a suspendu de vol tous les appareils du même type que celui impliqué dans l’accident.
Le même jour, toujours à Djibouti, un hélicoptère CH-53 Super Stallion, appartenant également au 26th MEU, a subi des « dommages structurels » lors d’un atterrissage dans la région d’Arta Beach.
Après ces deux accidents, qui font « l’objet d’une enquête conjointe », l’US Navy a décidé d’annuler l’exercice amphibie Alligator Dagged, qui avait débuté le 2 avril, avec notamment le navire USS Iwo Jima (LHD 7).
Les autres « unités affectées au commandement central des forces navales américaines ne sont pas affectées par cette annulation » et elles continuent de « mener des opérations de sécurité maritime dans toute la région », a précisé la marine américaine, dans un communiqué.
Cela étant, depuis quelques semaines, l’aviation américaine connaît une série noire. Ces derniers jours, et outre les deux accidents à Djibouti, un F-16 des Thunderbirds s’est écrasé (1 tué), de même que, en Californie, un hélicoptère CH-53E Super Stallion (4 tués).
Le 15 mars, 7 militaires de l’US Air Force ont perdu la vie dans la chute de leur HH-60 Pave Hawk, dans l’ouest de l’Irak alors que la veille, un F/A-18F Super Hornet de l’US Navy s’était écrasé près de Key West, en Floride (2 tués).
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : au cours de ces trois dernières années, 185 militaires américains ont perdu la vie dans des accidents, contre 44 tués au combat.
Quant au nombre de militaire américains tués dans des incidents aériens non liés à des combats, il a pratiquement doublé entre 2016 et 2017, passant de 19 à 37, selon les données du Pentagone. Pour autant, ce dernier se refuse à parler de « crise » au sein de l’aviation, même s’il admet qu’un telle situation n’est « pas normale ».
Cela étant, le secrétaire à la Défense, James Mattis, a déjà mis en garde, à plusieurs reprises, contre la réduction des heures de vol des pilotes (hors opération extérieure), le manque d’entraînement et les problèmes d’entretien des appareils. Or, si le budget du Pentagone est conséquent, il n’en reste pas moins que son exécution est régulièrement sous la menace d’un shutdown [paralysie budgétaire faute d’accord sur les dépenses fédérales au Congrès, ndlr].
« Si vous avez des pilotes qui ne prennent pas leur temps de vol maintenant, dans cinq ans, quand ils seront commandants ou lieutenant-colonels, ils n’auront pas le niveau d’expertise que vous attendez parce qu’ils n’auront pas eu l’occasion de continuer leur entrainement pendant les périodes de paralysie budgétaire », avait expliqué M. Mattis lors d’une audition au Congrés, en février dernier.