À la fin des années 1990, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne envisagèrent de développer conjointement un programme de véhicule blindé modulaire destiné à équiper les unités d’infanterie mécanisée.
Puis, en 1999, et devant la difficulté à faire converger les exigences et les besoins, comme c’est d’ailleurs souvent le cas dans les coopérations européennes, Paris renonça à ce projet, ce qui donna lieu, plus tard, au Véhicule blindé de combat d’infanterie (VBCI). La même année, le consortium ARTEC (ARmoured vehicle TEChnology) fut créé. Actuellement, il réunit Krauss-Maffei Wegmann, Rheinmetall MAN Military Vehicles et Rheinmetall Military Vehicles Nederland.
Pour autant, l’Allemagne et le Royaume-Uni, rejoints par les Pays-Bas, ne remirent pas en cause leur participation à ce projet, appelé « Boxer » et conduit sous l’égide de l’Organisme conjoint de coopération en matière d’armement (OCCAr). Mais pour un temps seulement.
En 2003, et alors qu’un premier prototype venait d’être construit, Londres décida, à son tour, de se retirer du projet, estimant que le Boxer ne correspondrait pas aux exigences de la British Army, laquelle lança à la place le programme FRES (Future Rapid Effect System). Et dans le cadre de ce dernier, le Piranha V de General Dynamics UK fut retenu, aux dépens, d’ailleurs, du VBCI et du… Boxer.
Mais là encore, une partie du programme FRES fut annulée en décembre 2008, ce qui laissa la British Army sans nouveaux véhicules pour son infanterie mécanisée. D’où le lancement du projet MIV (Mechanized infantry vehicle), pour lequel le VBCI fut testé dans le cadre des accords franco-britanniques de Lancaster House. Le véhicule français avait alors toutes les chances d’être choisi, en échange, toutefois, d’un achat par Paris du drone tactique Watchkeeper, développé par Thales UK. Finalement, l’armée de Terre lui préféra le Patroller de Sagem.
En 2015, un appel d’offres pour le programme MIV fut annoncé. Plusieurs industriels se mirent sur les rangs, dont Nexter (VBCI), General Dynamics (Piranha 5), ST Kinetics (Terrex 3) et Patria (AMV). Un an plus tard, Londres renonça à cette procédure, préférant un achat de « gré à gré », plus rapide et moins contraignant. À l’époque, un choix en faveur de l’ARTEC Boxer fut murmuré.
Et c’est finalement ce véhicule qui devraitéquiper la British Army, à partir de 2023 , le gouvernement britannique ayant fait une annonce à ce sujet durant le week-end de Pâques.
Londres « se joindra au programme Boxer et explorera les options pour doter la British Army de transports de troupes 8×8 afin de moderniser sa flotte de véhicules et répondre aux besoins de l’infanterie mécanisée », a en effet indiqué le ministère britannique de la Défense [MoD], le 31 mars.
« Le Royaume-Uni ayant joué un rôle majeur dans la conception initiale, le développement et les essais du Boxer, il retrouvera les droits qu’il avait en tant que partenaire du projet si accord devait être conclu », a expliqué le MoD, qui a dit avoir « effectué une analyse complète du marché des véhicules d’infanterie mécanisée en service et en développement », avec l’objectif de trouver le meilleur moyen de répondre aux « exigences de la British Army ».
Le choix du Boxer a été critiqué par certains reponsables politiques, lesquels dénoncent un processes d’acquisition « clandestin » et surtout le fait que son impact sur le marché de l’emploi britannique sera limité.
Le MoD a cependant fait valoir que les Boxer destinés à la British Army seront assemblés au Royaume-Uni et que 60% des composant seront fournis par des entreprises britanniques.
« ARTEC, le consortium qui fabrique le véhicule Boxer, a déjà pris des engagements vis-à-vis de l’industrie britannique en signant des accords de partenariat avec BAE Systems, Pearson Engineering et Thales UK », en prévision d’une commande, a souligné le MoD.
Et d’ajouter : « On s’attend à ce que les entreprises britanniques soient en concurrence pour la fabrication et la fourniture de nombreux sous-systèmes de véhicules, ainsi que pour une chaîne de production et d’assemblage complète au Royaume-Uni. Les estimations suggèrent que l’investissement prévu d’ARTEC au Royaume-Uni pourrait sécuriser ou créer au moins 1.000 emplois, répartis dans tout le pays, notamment à Glasgow, Newcastle, Sheffield, Stockport, Telford et au Pays de Galles. »
Le contrat n’a pas encore été signé avec ARTEC. Il sera après une « phase d’évaluation commerciale » qui se terminera en 2019. A priori, il devrait porter sur la livraison de 500 véhicules, pour environ 2 à 3 milliards de livres sterling.
Outre l’Allemagne et les Pays-Bays, l’ARTEC Boxer a été choisi par la Lituanie, la Slovénie et plus récemment par l’Australie, qui en a commandé 211 exemplaires dans le cadre de son programme LAND 400 Phase 2.