En mai 2014, après des polémiques sur le choix de l’appareil retenu, les électeurs suisses rejetèrent le projet d’acquérir 22 avions de combat JAS-39 Gripen E/F destinés à remplacer les F-5 Tiger de leur force aérienne, alors que des accords industriels avaient déjà été passés avec le constructeur suédois Saab.
Pour autant, et alors que la Suisse ne coupera pas à la modernisation de son aviation de combat, sauf à considérer qu’elle n’est pas utile, le prochain appel d’offres que va lancer, l’été prochain, le département de la Défense, de la Protection des populations et des Sports (DDPS) sera lui aussi soumis à une votation populaire. Mais, assure-t-il, la question à laquelle devront répondre les électeurs portera non pas sur un modèle d’avion mais « sur le principe du maintien d’une défense aérienne. »
En novembre 2017, le DDPS a défini le programme Air 2030, lequel fédére plusieurs projets, dont le PAC (prochain avion de combat), le DSA (nouveau système de défense sol-air), le C2Air (nouveau système de conduite pour le système de surveillance de l’espace aérien Florako) et Radar (maintien de la valeur/remplacement des détecteurs radar Flores du système Florako). Le montant des investissements nécessaires s’élève à 8 milliards de francs suisses (soit 6,8 milliards d’euros).
L’objectif du projet PAC est d’acquérir entre 40 et 55 avions de combat afin de remplacer les 30 F/A-18 Hornet et les 26 F-5 Tiger en dotation au sein de la Force aérienne suisse.
L’on sait déjà que cinq candidats ont été retenus : le Rafale de Dassault Aviation, l’Eurofighter Typhoon, le JAS-39 Gripen E/F, le F/A-18 Super Hornet de Boeing (qui s’était désisté lors du précédent appel d’offres lancé en 2008) et le F-35A de Lockheed-Martin.
Selon les spécifications données par le DDPS [.pdf], il s’agira pour la futur d’avions de combat suisses d’être capables « d’assurer le service journalier de police aérienne ainsi que l’instruction et l’entraînement », « de maintenir une présence permanente dans les airs
d’au moins quatre avions pendant au moins quatre semaines » en période de « tensions accrues » et, dans le cas d’un conflit, « d’appuyer » les forces terrestre avec des reconnaissances aériennes et des frappes au sol.
Quant au prix, le DDPS prévoit une enveloppe de 200 millions de francs suisses par avion. « Il s’agit ici d’un prix moyen et global qui est réaliste pour tout avion de combat entrant en ligne de compte dans le cadre d’un projet d’acquisition. Le prix global inclut l’ensemble de l’armement et de la logistique ; il tient aussi compte d’autres coûts, par exemple ceux des équipements spécifiques aux missions (capteurs, missiles, systèmes d’autoprotection, réservoirs supplémentaires, etc.), ceux des systèmes destinés à évaluer les engagements ou ceux des systèmes utilisés pour l’instruction (comme les simulateurs de vol et les systèmes pour l’instruction des équipes au sol) », explique-t-il.
Enfin, des compensations industrielles (offset) seront exigées de la part du vainqueur de l’appel d’offres. Leur montant devra être équivalent au prix total du contrat.
Le résultat de cet appel d’offres devrait être annoncé « à l’automne 2020 », pour un « passage de commande en 2021-2022 » et des « premières livraisons en 2025. » Du moins, si les électeurs suisses donnent leur aval.
Par ailleurs, s’agissant du projet DSA, le système retenu devra être capable de couvrir une surface d’au moins 15 000 km2 au moins et disposer d’une « d’une grande portée, c’est-à-dire atteindre une altitude d’engagement de plus de 12 000 m (verticalement)
et une portée supérieure à 50 km (horizontalement). » Sur ce segment, Eurosam (SAMP/T), Raytheon/Lockheed-Martin (Patriot) et Rafael (David’s Sling) sont invités à remettre leurs offres.
Reste à voir ce que donnera la votation populaire annoncée. Le chef de l’état-major suisse, Claude Meier, est déjà en campagne. « Sans nouveaux avions de combat, sans système de défense sol-air performant, ce sera un coup fatal non seulement pour les forces aériennes, mais pour l’armée dans sa globalité. Cela remet indirectement en cause l’existence même de l’armée suisse », a-t-il fait valoir sur les ondes de la RTS.
« La Suisse n’est pas en guerre, mais il s’agit d’avoir un certain nombre de capacités qui permettent d’être prêt au cas où (il y aurait une attaque). À partir des années 1999, il y a eu régulièrement, chaque deux ou trois ans, des conflits armés qui se sont déclenchés en périphérie de l’Europe, voire en Europe », a-t-il rappelé.