Lors de la conférence « Rome II », organisée le 15 mars, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a estimé qu’il était « essentiel pour la communauté internationale de montrer une forte solidarité avec le Liban, pilier fondamental de la stabilité de la région » du Proche-Orient.
D’autant plus que, ces dernières années, le pays du Cèdre n’a pas échappé aux conséquences de la guerre civile syrienne, en accueillant plus d’un million de réfugiés sur son territoire (soit « le tiers de la population totale », a souligné M. Guterres) et en faisant face à la menace jihadiste incarnée par l’État islamique et l’ex-Front al-Nosra.
« Le Liban a démontré une solidarité admirable qui contraste avec d’autres dont les portes tendent à rester fermées à ceux qui en ont besoin », a continué M. Guterres, pour qui il est donc temps pour la communauté internationale « d’exprimer un engagement total en faveur de l’unité et de la stabilité » à ce pays.
Seulement, se pose la question du Hezbollah, une formation soutenue par l’Iran qui joue à la fois un rôle politique et militaire au Liban, tout en étant considéré par Israël comme étant une menace de premier ordre. D’où la politique suivie par la France (mais aussi les États-Unis) visant à renforcer l’armée libanaise vis-à-vis de la milice chiite.
Adversaire résolu du Hezbollah, le Premier ministre libanais, Saad Hariri, a expliqué, à l’ouverture de la conférence, que l’instabilité de la région suppose que le Liban puisse « construire » ses « propres institutions nationales de sécurité, seules capables de défendre [sa] souveraineté. » Quant à la crainte de voir tomber l’aide militaire accordée à Beyrouth entre les mains de la milice chiite, il a assuré que « cela ne se produira jamais et que cela ne s’est jamais produit. »
« Je reprends à mon compte les propos du président [libanais] Aoun et son appel à la communauté internationale à soutenir les forces armées libanaises, pour leur permettre de remplir leur devoir de préservation de la sécurité et la stabilité en conformité avec la stratégie de défense nationale », a explimé M. Hariri.
La conférence Rome II est « importante parce que nous, au Liban, avons été les premiers à libérer notre sol de la présence de l’organisation de État islamique (EI) et nous l’avons fait avec très peu de moyens », a encore fait valoir le chef du gouvernement libanais.
« Nous sommes ici pour créer de la confiance parce que nous avons tous reconnu qu’une sécurité viable pour le Liban est aussi une sécurité viable pour la région », a aussi affirmé M. Hariri, avant de dénoncer les « ingérences » israéliennes.
Israël « reste la première menace pour le Liban, ses violations quotidiennes de notre souveraineté doivent cesser », a lancé M. Hariri. « Nous allons envoyer plus de troupes dans le Sud et nous insistons sur notre intention de déployer un nouveau régiment », a-t-il précisé. Et d’accuser : « Alors que nous réfléchissons aux moyens de passer d’une situation de cessation des hostilités à une situation de cessez-le-feu permanent, Israël continue de construire un mur sur des zones réservées le long de la ligne bleue. »
Justement, c’est dans le sud du Liban que le Hezbollah a renforcé ses capacités militaires. Ce qui donna lieu, en août, une passe d’arme diplomatique au Conseil de sécurité, les États-Unis ayant voulu donner à la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) un mandat plus robuste alors que les autres membres s’y étaient opposés.
Quoi qu’il en soit, les 40 pays représentés à cette conférence ont pris l’engagement de renforcer l’armée libanaise. Reste maintenant pour eux à préciser les montants qu’ils entendent engager. Ce que la France a déjà fait puisqu’elle a annoncé l’ouverture d’une ligne de crédit de 400 millions d’euros, ce qui s’ajoutera aux 14 millions d’euros déjà consentis début mars par Paris, essentiellement sous la forme de fourniture de capacités anti-chars.
« Je remercie la France pour cette annonce », a d’ailleurs déclaré M. Hariri, qui s’est en outre dit « satisfait » du résultat de cette conférence.
La conférence Rome II « offrira l’occasion à la communauté internationale de renforcer son soutien à l’armée libanaise et aux forces de sécurité intérieure du pays, sur la base des besoins qu’elles présenteront » car le « renforcement de ces institutions, piliers de l’État libanais, constitue un enjeu sécuritaire majeur pour le Liban, dont la stabilité est essentielle pour le Proche et le Moyen-Orient, ainsi que pour l’Europe », avait auparavant expliqué le Quai d’Orsay.
Pour rappel, en 2014, l’Arabie Saoudite avait pris l’engagement de livrer au Liban du matériel militaire acquis auprès de la France pour environ 3 milliards de dollars. Finalement, Riyad a décidé d’abandonner ce projet (il est désormais question du « contrat SFMC » pour Saudi-French Military Contract), afin notamment de protester contre l’influence du Hezbollah auprès des dirigeants libanais.