Le sénateur Yannick Vaugrenard n’avait certainement pas l’idée de comparer la force Barkhane à une « armée occupante » au Mali quand il a posé une question au général Grégoire de Saint-Quentin, l’actuel sous-chef « opération » à l’État-major des armées (EMA), lors d’une audition de ce dernier par la commission des Affaires étrangères et des Forces armées.
« On sait que dans ce cadre-là, l’état d’esprit de la population est important. N’y-a-t-il pas un risque, qu’après avoir répondu à l’appel à l’aide du Mali, la France, avec le temps, soit perçue comme une armée occupante? », a ainsi demandé M. Vaugrenard, au sujet de l’opération Barkhane.
La réponse du général de Saint-Quentin a été directe. « Je crois qu’il faut faire très attention aux termes employés », a-t-il lancé. « Notre histoire nous a appris ce que veut dire être occupé par une armée étrangère et employer un tel terme pour définir Barkhane est très dur à entendre », a-t-il continué.
« Depuis cinq ans, à l’appel des autorités maliennes, nous payons le prix du sang au Sahel pour la stabilité de cette région et pour protéger la population des conséquences du conflit alors qu’elle est en proie à l’arbitraire des groupes armés et de leur violence indiscriminée, notamment par l’usage des mines. Cette réalité n’est pas celle d’une armée occupante », a fait valoir le général de Saint-Quentin, qui aurait pu aussi parler des nombreuses opérations civilo-militaires conduites par Barkhane (grâce, notamment, aux les personnels du Service de santé des armées)
Cependant, la question du sénateur Vaugrenard a effectivement soulevé un point d’attention. Ce qu’a reconnu le sous-chef « opération » de l’EMA. « Je partage votre point de vue sur le fait que la présence d’une force étrangère dans un pays peut toujours faire l’objet de tentatives d’instrumentalisation par des parties au conflit ou par leurs soutiens », a-t-il admis. « Nous devons être particulièrement vigilants sur ce point« , a-t-il dit.
Dans son propos liminaire, le général de Saint-Quentin a rappelé les rôles de la force Barkhane. Le premier est évidemment de contrer les groupes armés terroristes (GAT). Pour cela, « nous devons à tout prix inscrire nos opérations dans la durée », a-t-il affirmé.
Et cela a un lien avec un autre rôle de la force Barkhane, qui est de « contribuer au retour de l’État et du développement là où elle agit ». Avec « l’Alliance Sahel », la communauté internationale « dispose d’un outil qui permet d’engager des actions très significatives au niveau local à partir du moment où l’administration est présente sur le terrain », a expliqué l’officier. « La plus grande difficulté résulte dans la mise en cohérence de l’action de nombreux acteurs : forces de sécurité, administrations, acteurs du développement bi et multilatéraux », a-t-il ajouté.
Enfin, la troisième mission de Barkhane est d’accompagner la montée en puissance de la Force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S), ce qui entre dans le cadre des efforts visant à donner aux pays concernés les moyens d’assurer leur propre sécurité. « Le but recherché par toutes les parties prenantes est bien de permettre à cette force de s’autonomiser, et de progressivement mener à bien ses propres opérations. C’est une dynamique positive où Barkhane joue alors un rôle de réassurance », a détaillé le général de Saint-Quentin.