Fin du recrutement au statut, recours à des ordonnances… les annonces du premier ministre, Edouard Philippe, qui a lancé, lundi 26 février, la réforme du rail, ont mis le feu aux poudres parmi les syndicats de cheminots.
La CFDT-Cheminots, quatrième syndicat de la SNCF, propose aux trois autres organisations syndicales représentatives une « grève reconductible à partir du 14 mars », a-t-elle annoncé lundi soir dans un communiqué. « Le gouvernement démontre aujourd’hui qu’aucune négociation n’est envisagée, les décisions étant visiblement déjà prises », a déclaré la CFDT, qui estime que « les cheminots ont subi une attaque sans précédent ».
De son côté, la CGT-Cheminots, premier syndicat à la SNCF, s’est dit prête à mener « un mois de grève » pour « faire plier le gouvernement », a annoncé son secrétaire général Laurent Brun, lundi, au Parisien. « Nous allons relever le défi. On est sûrement partis pour l’un des plus importants mouvements sociaux de l’histoire de la SNCF », ajoute-t-il.
Le premier ministre a dit vouloir recourir à des ordonnances pour faire adopter« avant l’été » une réforme de la SNCF, prévoyant, entre autres, la fin du statut de cheminot pour les nouvelles recrues. Il a justifié la nécessité de cette réforme par la situation « alarmante », « intenable », dans laquelle se trouve, selon lui, la SNCF.
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Plus tôt dans la journée, l’UNSA-Ferroviaire avait déclaré vouloir proposer à l’intersyndicale prévue mardi après-midi pour discuter de la réponse à apporteraux annonces du gouvernement une grève « avant le 22 mars », date à laquelle la CGT avait prévu une manifestation, avant même les annonces du gouvernement. « Je vais demander à ce que demain on rentre dans un processus (…) d’alerte sociale à la SNCF, qui pourra déboucher sur la grève »,déclarait Roger Dillenseger, le secrétaire général de l’UNSA-Ferroviaire.
La semaine dernière, les syndicats avaient, d’une même voix, mis en garde l’exécutif contre toute utilisation des ordonnances, un casus belli à leurs yeux, en brandissant la menace d’un conflit social « majeur ».
« Vraie injustice et vraie provocation »
« L’annonce de la fin du statut est vécue par les agents comme une vraie injustice et une vraie provocation », a déclaré Erik Meyer (SUD-Rail), dénonçant, par ailleurs, « un chantage à l’ordonnance ».
Les syndicats restent également très sceptiques quant à l’engagement du gouvernement concernant les petites lignes. « Dire aux régions, “c’est vous qui allez avoir la décision finale” » ne signifie en rien les sauver, compte tenu des difficultés de financement, a averti Didier Aubert (CFDT). Le gouvernement « refile le bébé » aux régions, a également dit Erik Meyer de SUD, y voyant aussi « une manœuvre » du gouvernement « pour faire baisser la mobilisation et pour essayer de [la] rendre impopulaire », car recentrée sur le statut des cheminots.
SUD-Rail comme la CFDT regrettent aussi que le gouvernement ne se soit pas plus engagé sur la question de la dette, une question qu’il « faut traiter avant les autres », selon M. Meyer.
Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, a assuré qu’il ne « laisser[ait] personne cracher à la figure des cheminots », dans une interview aux Echos. « Le gouvernement pouvait se permettre de procéder par ordonnances sur la réforme du marché du travail, car il l’avait clairement dit pendant la campagne et parce que la réforme est intervenue juste après l’élection. Ce n’est pas le cas pour la SNCF », souligne le dirigeant syndical.