Au quatrième jour de l’offensive aérienne menée par le pouvoir syrien et son allié russe contre la Ghouta orientale, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a réclamé l’arrêt des combats dans cette enclave rebelle située en périphérie de Damas, et assiégée depuis cinq ans.
« J’appelle toutes les parties impliquées à un arrêt immédiat de toute action de guerre dans la Ghouta orientale afin de permettre une aide humanitaire à ceux qui en ont besoin », a déclaré M. Guterres au Conseil de sécurité.
Mercredi soir, la Russie a réclamé la tenue, jeudi, d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU, a déclaré l’ambassadeur russe aux Nations unies, Vassily Nebenzia.
Cette réunion permettrait à toutes les parties « de présenter leur vision, leur compréhension de la situation et de proposer des moyens de sortir de la situation actuelle », a précisé le diplomate russe lors d’une réunion du Conseil de sécurité portant sur la Charte des Nations unies.
Le président français, Emmanuel Macron, a lui aussi demandé « une trêve afin de s’assurer de l’évacuation nécessaire des civils du maintien ou plutôt de la création de tous les accès humanitaires indispensables dans les meilleurs délais ».
« Porter secours aux blessés »
« Ce qui se passe dans la Ghouta orientale aujourd’hui est clairement, vigoureusement condamné par la France », a dit le chef de l’Etat lors d’une conférence de presse avec son homologue du Liberia, George Weah, à l’Elysée. « Car au prétexte de la lutte contre les terroristes djihadistes, le régime avec quelques-uns de ses alliés a décidé de s’en prendre à des populations civiles et vraisemblablement à certains de ses opposants ».
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a quant à lui réclamé, mercredi, l’accès à la Ghouta. « Les violences risquent vraisemblablement de causer davantage de souffrances dans les jours et les semaines à venir, et nos équipes doivent être autorisées à se rendre dans la Ghouta orientale pour porter secours aux blessés », a rappelé Marianne Gasser, représentante du CICR en Syrie.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), au moins 24 civils, dont trois enfants, sont morts mercredi dans de nouveaux bombardements.
Les frappes se sont concentrées sur la localité de Kfar Batna, où 22 civils sont morts tués par les barils d’explosifs largués par les avions du régime, a précisé l’OSDH. Deux autres civils sont morts dans la localité de Jisrine.
400 000 personnes prises au piège
Mardi 20 février, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) avait fait état d’au moins 45 civils tués, dont 12 enfants. La veille, au moins 100 civils, dont 20 enfants étaient morts, d’après le dernier relevé de l’organisation non gouvernementale.
C’est le plus lourd bilan de pertes civiles en une journée dans les combats dans cette région depuis le début de 2015, selon l’organisation. Les hôpitaux peinent à faire face à l’afflux de blessés – quand ils ne sont pas détruits par les bombardements.
Aujourd’hui près de 400 000 personnes sont encore prises au piège dans cette zone. La population y résidant encore subit des privations de nourriture et de médicaments ; le prix des denrées y flambe.
Cette situation touche, en particulier, les enfants, qui composent, selon l’Unicef, la moitié de la population de la zone. La situation est telle que l’ambassadeur français auprès de l’Organisation des Nations unies, François Delattre, parlait au début de février d’un siège « digne du Moyen Age ».