En 2016, le chantier naval de Fincantieri de Muggiano livrait à la marine italienne [Marina Militare] le « Romeo Romei« , c’est à dire le quatrième (et dernier?) sous-marin de type U212A, conçu par l’allemand ThyssenKrupp Marine Systems [TKMS] et construit sous licence en Italie.
Ce programme de sous-marins avait été lancé dans les années 1990. Il prévoyait 6 unités pour la marine allemande et deux autres, légèrement différents, pour la Marine militare (le « Salvataro Todaro » et le « Scire », mis en service en 2006 et en 2007). En 2008, Rome leva une option portant sur deux exemplaires supplémentaires, d’où les livraisons du « Pietro Venuti » et du « Romeo Romei ».
Par ailleurs, les 4 sous-marins de la classe Sauro en dotation au sein de la Marina Militare seront progressivement retirés du service entre 2018 et 2022. Pour autant, il n’est a priori pas question pour Rome de disposer de moins de 6 submersibles.
D’où l’annonce faite par Roberta Pinotti, la ministre italienne de la Défense, lors d’une cérémonie marquant le lancement de la frégate multimissions « Antonio Marceglia », au chantier naval de Riva Trigoso, du groupe Fincantieri.
« Le programme comprenait 6 sous-marins. Quatre nous ont déjà été livrés, deux autres ont été approuvés dans le budget de 2018 », a en effet déclaré Mme Pinotti, qui quittera probablement ses fonctions après les prochaines élections législative italiennes. Le montant de cette commande serait de l’ordre d’un milliard d’euros.
Seulement, d’après « l’observatoire des dépenses militaires italiennes », qui fait partie du « Réseau italien pour le désarmement », l’annonce faite par Mme Pinotti serait « surprenante » dans la mesure où la décision d’acquérir deux autres sous-marins U-212A « n’a jamais été soumise au Parlement ».
Quoi qu’il en soit, cette nouvelle commande a été annoncée alors que le constructeur naval français Naval Group (ex-DCNS) et Fincantieri parlent de former une alliance calquée sur le modèle de « Renault-Nissan ».
D’où la tentation d’y voir un coup de « canif dans le contrat » avec le choix de Rome de se doter de deux sous-marins supplémentaires de conception allemande, alors que Naval Group propose le Scorpèrne, un concurrent des U-212 allemands.
Pour autant, l’annonce de Mme Pinotti est logique étant donné que la Marina Militare n’aurait pas intérêt à se doter de deux classes de sous-marins différentes, ce qui supposerait des chaînes logistiques et des formations distinctes. Des domaines qui font en plus l’objet de mutualisations avec la marine allemande.
D’autant plus que les deux derniers U-212A livrés à la marine italienne « adhèrent parfaitement aux exigences pour les activités dans lesquelles ils seront utilisés par les forces armées, y compris les missions de contrôle des lignes de trafic maritime, le suivi des activités illégales, et la surveillance des zones d’intérêt national », grâce à leur autonomie accrue et leur nouveau système de combat.
Par ailleurs, le rapprochement entre Naval Group et Fincantieri ne porte que sur les navires de surface, les sous-marins, un domaine particulièrement sensible, étant exclus. Cela étant, cette alliance est pour le moment hypothétique. Du moins, elle est suspendue aux résultats des élections italiennes, lesquelles pourraient donner lieu à un changement de majorité.