Le 23 novembre 2017, le Conseil des Ministres a accepté la proposition du Ministre belge de la Défense Steven Vandeput concernant le déploiement prochain «d’un détachement d'hélicoptères NH-90 à la mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA)». Ce déploiement est aujourd'hui effectif puisque le 05 février 2018, deux NH-90TTH belges sont arrivés au Mali.
En effet, d'après le communiqué de presse publié par la Composante Air, les deux hélicoptères ont quitté la base aérienne de Beauvechain, située dans le centre de la Belgique, à bord d'un avion de transport lourd Antonov An-124-100 de la compagnie russe Volga-Dnepr. « L'affrètement de cet appareil est effectué dans le cadre du programme OTAN SALIS (Strategic Airlift Interim Solution). Via ce programme, l'OTAN compense la pénurie d'appareils de transport stratégique en attendant la livraison des nouveaux avions A400M déjà commandés», explique en toute transparence le communiqué belge.
L'officier technique Vincent Wilmet raconte que «pour charger les deux machines nous avons pris trois jours de préparation où nous avons déposé les pâles du rotor principal et une pâle du rotor de queue. Nous devons également déposer quelques antennes pour éviter qu'il y ait un contact avec la structure de l'Antonov».
Arrivés sur place aux alentours de 22h00 (heure locale) sur l'aéroport de Bamako, au Mali, les deux appareils ont été sortis de l'avion et les mécaniciens ont oeuvré, pendant deux jours, afin de remonter sur les machines les équipements qui avaient été retirés. Lors de leur arrivée, la Composante Air détaillait que «dans les prochains jours, les NH90 effectueront encore une batterie de tests. Dès qu’ils auront été exécutés avec succès, le détachement composé d’une cinquantaine de militaires partira pour Gao, ville du nord-est du Mali».
C'est durant le week-end du 10-11 février que les NH-90TTH ont rejoint Gao par la voie des airs, aux côtés du détachement allemand déjà présent sur place avec ses NH-90TTH et Tigre UHT. Sur place, les aviateurs belges doivent encore effectuer des opérations de mise en condition avant de pouvoir débuter les missions opérationnelles.
En effet, «l'adjudant-chef Steve, expert en système, précise : 'L'un des grands exercices destinés aux pilotes est le brown out : une manœuvre sur un terrain sablonneux où un grand nuage de poussière ainsi créé réduit la visibilité à zéro. Au cours de ces exercices, ils déterminent l'usure accélérée des pales du rotor'», explique la Composante Air.
«Afin d'y remédier, un revêtement spécial avait été appliqué sur les pales avant de partir au Mali. Ce revêtement nécessite toutefois un ajustement spécifique. Pour mieux protéger les moteurs, des filtres à sable supplémentaires ainsi qu'une grille anti-FOD (foreign object damage pour dommages causés par des objets étrangers) ont été installés», est-il aussi affirmé. Enfin, ces essais passés, les équipages navigants et les aviateurs au sol devront obtenir leur qualification ONU avant d'être totalement opérationnels.
Sur place, le détachement belge doit assurer des missions de transport de matériels et de militaires au profit de la MINUSMA, ainsi que des missions d'évacuation médicale (MEDEVAC) au profit des militaires blessés en opération. Le capitaine Pieter affirme que «nous pouvons installer quelques civières dans l'appareil ainsi qu'une infirmière et un chirurgien. Nous avions testé le dispositif de manière approfondie lors de l'entraînement préalable à Fasberg en Allemagne. Sur place, notre Air Mobile Protection Team (AMPT) y avait travaillé étroitement avec les Allemands».
Ce futur déploiement a été longuement préparé en amont par la Belgique. En effet, du 15 septembre au 15 octobre 2017, les composantes Terre, Air et Médicale ont organisé l'exercice majeur Tropical Storm 2017 au Gabon. Cet exercice réunissait pas moins de 800 militaires, dont des forces spéciales, 150 véhicules terrestres, 12 bateaux zodiacs, 2 hélicoptères NH90 Caïman, 2 Agusta A109 ainsi que 3 C-130H Hercules.
Tropical Storm, en partenariat avec les forces armées gabonaises, avait pour objectif d'entraîner les trois composantes belges à opérer dans un environnement tropical et dans des conditions parfois rudes. De nombreuses missions différentes ont été effectuées avec des vols à basse altitude, difficiles à mener en Belgique en raison de la densité de population ; des opérations spéciales avec infiltration depuis un milieu maritime, descente en corde lisse ; de la survie en autonomie en milieu tropical, etc…
Le vice-amiral Hofman, vice-chef de la Défense (VCHOD), a expliqué que «l’Afrique centrale reste une zone géographique dans laquelle les intérêts belges doivent être protégés. Le Gabon est donc une opportunité pour approfondir et maintenir notre coopération dans la région. Il faut donc rester pragmatique dans cette approche».