Le 13 février, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a mis sur le même plan l’opération « Rameau d’olivier », menée par les forces armées de son pays contre les milices kurdes syriennes à Afrin (nord de la Syrie) ainsi que les différends qui opposent la Turquie à Chypre (exploitation de gisements gaziers au sud de l’île) et à la Grèce (dispute territoriale au sujet de l’îlot d’Imia en mer Égée).
« Nos droits à Afrin sont les mêmes qu’en mer Egée et à Chypre », a en effet lancé M. Erdogan. « Nos navires de guerre et notre aviation suivent la situation de près pour tout type d’intervention en cas de nécessité », a-t-il insisté.
M. Erdogan a tenu ses propos alors qu’un navire turc venait de percuter un patrouilleur de la police portuaire grecque près de l’îlot d’Imia. Il s’agissait alors du troisième incident naval entre la Grèce et la Turquie depuis le début de cette année.
Jusqu’à présent, Athènes n’avait pas voulu mettre de l’huile sur le feu. Mais cette fois, le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, a fermement réagi après l’incident ayant endommagé le patrouilleur grec, acquis avec des fonds européenns pour « surveiller les mers grecques et les frontières européennes. »
Ainsi, lors d’une conversation avec son homologue turc, Binali Yildirim, M. Tsipras a relevé, selon un communiqué publié par ses services, « avec sévérité » que « de tels faits violent le droit international » et « sapent les relations gréco-turques et turco-européennes. » Et d’insister sur « la nécessité de mettre fin immédiatement aux violations turques » de l’espace grec en Egée « et d’une désescalade de la tension. »
Plus tôt, la diplomatie grecque avait également vivement réagi en appelant la Turquie à « mettre fin à des actions ne concourant pas au développement des relations entre les deux pays et sapant la stabilité régionale. »
Dans cette affaire, la réaction de l’Union européenne a été plutôt timide… D’où, sans doute, les propos tenus par M. Tsipras ce 15 février. Ayant à nouveau appelé Ankara à respecter « les règles de base du droit international », le Premier ministre grec a en effet affirmé que les « les provocations contre les droits souverains d’un pays membre de l’UE ciblaient aussi aussi toute l’UE » et rappelé que les « frontières maritimes de la Grèce sont aussi celles de l’UE. »
« La police portuaire grecque se trouve quotidiennement en première ligne pour garantir la sécurité de nos frontières maritimes en coopérant étroitement avec Frontex (agence européenne des frontières), qui mène sa plus grande opération en mer Egée », a encore tenu à rappeler M. Tsipras.
Par ailleurs, le ministre grec de la Défense, Panos Kammenos, a informé l’Otan du dernier incident avec la marine turque à l’occasion de la réunion de l’Alliance organisée à Bruxelles le 14 février.
Pour rappel, la Grèce et la Turquie sont membres de l’Otan depuis 1952.
Photo : Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, avec le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg