Le colonel Charles Agostini, médecin légiste de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie (IRCGN), livre son analyse après la découverte des restes du squelette de Maëlys, ce jeudi 15 février en Savoie, six mois après la disparition de la fillette.
La « quasi-totalité » des restes de la petite Maëlys, 9 ans, disparue fin août lors d’une fête de mariage à Pont-de-Beauvoisin, en Isère, ont été retrouvés ce jeudi 15 février. Le squelette de la fillette a été découvert dans un secteur escarpé, à la lisière de la Savoie. Sur les indications de Nordahl Lelandais, principal suspect dans cette affaire, sortie de son silence après six mois d’investigations. Et maintenant ? « L’enquête doit se poursuivre. Il aura à répondre à de nombreuses questions. Il sera entendu prochainement sur les circonstances dans lesquelles cette mort est intervenue. J’ai la conviction qu’il y contribuera pleinement », a dit Me Jakubowicz, son avocat.
Pour Charles Agostini, médecin légiste de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie (IRCGN), la dépouille de Maëlys « peut encore livrer des informations » utiles aux enquêteurs. Voici, en détail, ce qu’en pense l’expert.
Comment les gendarmes vont procéder à l’examen des restes ?
Le corps de Maëlys va être examiné pendant plusieurs semaines à l’IRCGN à Pontoise (Oise). Une demi-douzaine d’experts vont chercher dans un premier temps à dater la mort notamment grâce à l’examen des conditions environnementales, des données météorologiques et des insectes trouvés sur le site.
Le corps va ensuite être passé au scanner, capable de déceler sur les os des éléments de preuves, parfois microscopiques. Le scanner peut révéler des traces notamment métalliques. Une recherche de substances toxicologiques sera menée.
Puis, un anthropologue judiciaire, spécialisé dans l’examen des os, assistera lors de l’autopsie le médecin-légiste pour l’aider à déterminer la nature d’éventuels traumatismes et aider à trouver l’objet qui a pu en être la cause. D’autres experts procéderont à l’analyse des éléments recueillis sur le terrain par le tamisage de la terre, qui peut révéler par exemple la présence d’un projectile.
Que peut-on encore déterminer vu l’état du corps ?
Plus le temps passe, plus le corps se dégrade et plus les éléments de preuves vont s’estomper, voire disparaître. A fortiori lorsque le corps est en pleine nature et donc abîmé par les insectes et les animaux. Dans le cas de Maëlys, les experts vont devoir se contenter de l’analyse des os même s’il peut y avoir des surprises avec la préservation de certaines zones anatomiques.
Si des traces de traumatisme sont décelées sur le squelette, comme l’impact d’une balle, d’une arme blanche ou d’un objet contondant, les experts pourront se prononcer sur une cause probable de la mort. S’il n’y en a pas, il est désormais impossible de déterminer par les types de mort qui ont touché seulement les organes, comme l’asphyxie ou un coup de couteau dans le ventre. Impossible également d’établir si la fillette a été victime de violences ou d’abus sexuels.
Est-il possible qu’on ne connaisse jamais la cause de la mort ?
De nombreuses preuves médico-légales sont perdues mais il faut toujours donner la chance à l’expertise, pousser les indices à fond. Aujourd’hui, les possibilités de réponse sont considérablement réduites du fait de la dégradation du corps. Le collège d’experts va donner des orientations sur les causes du décès.
Même s’il ne s’agit que d’hypothèses de travail, elles serviront aux enquêteurs et aux juges pour préparer l’audition du suspect. Inversement, si le suspect explique les circonstances de la mort, les experts seront amenés à vérifier si ses déclarations sont compatibles avec les constatations menées.