Le service national universel sera-t-il obligatoire ou pas?
Le service national universel voulu par le président Macron (qui avait parlé d’un « service militaire » lors de la campagne présidentielle de 2017) sera-t-il obligatoire? Pour le moment, on ignore le contenu qu’il aura, les modalités de sa mise en oeuvre ainsi que le niveau d’implication des armées.
« C’est un projet formidablement enthousiasmant et ambitieux puisque c’est une façon de recréer du lien entre les Armées et la Nation, de recréer aussi une envie chez nos jeunes, puisque c’est l’ensemble d’une classe d’âge qui sera concernée, de contribuer à la vie civique », a en effet commenté Florence Parly, la ministre des Armées, le 9 février, à l’antenne de France Inter.
En revanche, l’on sait que ce projet suscite beaucoup de réserves, notamment parmi les inspections générales des Armées, de l’Administration, de la Jeunesse & Sports, de l’Éducation et des Finances, qu’un groupe de travail a été mis en place pour en fixer les contours et que le président Macron a la ferme volonté d’aller au bout de cette initiative.
En outre, l’on a une idée des difficultés qu’il faudra résoudre pour accueillir, chaque année, et pendant seulement un mois, 600.000 à 800.000 jeunes. Le coût de ce service national universel est tout sauf anodin puisqu’il a été évalué par un récent rapport remis au gouvernement à 2,4/3 milliards par an (soit le coût annuel de la dissuasion nucléaire), sans compter les 3,2/5,4 milliards nécessaires pour le mettre en route.
Cela étant, le caractère obligatoire de ce service national semble faire débat.
« Ce sera un service qui probablement n’aura pas un caractère obligatoire, au sens où les gendarmes viendraient rechercher le réfractaire, mais ce sera un service qu’on cherchera à rendre attractif pour les jeunes afin qu’ils soient incités à le réaliser, à la fois pour eux-mêmes, pour ce qu’ils y apprendront et aussi pour ce qu’ils pourront donner aux autres », a ainsi indiqué Mme Parly.
Sauf que, pour le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, ce service national devra être obligatoire. « Ce n’est plus le service d’un an qu’on connaissait par le passé, c’est quelques semaines, un mois mais au moins on se retrouve ensemble, il y a un brassage social », a-t-il en effet affirmé, le 11 février, los de l’émission « Questions politiques » (France Inter).
Y aurait-il un désaccord sur ce sujet? Voire. En tout cas, l’entourage de Mme Parly a précisé que « en indiquant ‘pas obligatoire, la ministre a voulu dire ‘pas punitif’ : elle n’a pas remis en cause sa vocation universelle, c’est-à-dire ayant vocation à concerner tous les jeunes. »
Reste que, dans un avis rendu fin janvier au ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, le Conseil d’orientation des politiques de jeunesse (COJ) s’était prononcé en faveur d’un « service national universel non obligatoire, au sens de ‘ouvert à tous les jeunes de manière volontaire’, afin d’éviter une rupture » dans le parcours scolaire ou professionnelle des futurs « appelés. » Sinon, il faudrait penser des « dérogations et des aménagements possibles. » Se pose également la question de l’aptitude des jeunes devant effectuer un tel service, surtout si des activités sportives sont au programme.