Les forces égyptiennes ont lancé une vaste opération antiterroriste dans plusieurs régions
L’Égypte est cernée par la menace terroriste. À l’ouest, elle doit composer avec l’instabilité qui règne en Libye, où les jihadistes restent nombreux et actifs. À l’est, plus précisément dans le Sinaï, elle fait face, depuis au moins 2011, à une branche de l’État islamique [l’ex-Ansar Baït al-Maqdis, ndlr],soupçonné d’être à l’origine de l’attentat le plus meurtrier qu’a connu le pays, commis en novembre dernier contre une mosquée soufie de Bir al-Abed, dans le nord de la péninsule [plus de 300 tués, ndlr].
Peu après cet attentat, le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, avait promis de riposter avec une « force brutale. » Peu après, des raids aériens furent menés et un communiqué annonça la destruction de 4×4 utilisés par les terroristes. « Les forces de l’ordre du Nord-Sinaï restent en coopération avec les forces aériennes pour repérer les cachettes terroristes et trouver puis éliminer le reste des extrémistes », avait ajouté le texte.
À un peu plus d’un mois de la prochaine élection présidentielle, les forces armées égyptiennes ont lancé une vaste opération antiterroriste, appelée « Sinaï 2018 », dans la province du Sinaï ainsi que dans les régions du delta du Nil et du désert occidental, frontalier avec la Libye. L’objectif est de « renforcer le contrôle des zones frontalières (…) et nettoyer les zones où se trouvent des foyers terroristes. »
Des moyens importants ont été engagés, des chars et des véhicules blindés ayant été déployés en nombre. Selon un porte-parole de l’état-major égyptien, les forces aériennes ont « ciblé certains foyers et des caches » dans le nord et l’ouest de la péninsule tandis que la marine renforçait la protection des frontières maritimes afin de « couper l’afflux de terroristes ».
Dans le même temps, le ministère égyptien de l’Intérieur a annoncé avoir lancé une opération contre le groupe « Hasam », soupçonné d’être à l’origine de plusieurs attentats contre les forces de sécurité et présenté comme étant une branche armée des Frères musulmans. L’objectif, a-t-il expliqué, est de déjouer d’éventuels projets d’attentats « en lien avec l’élection présidentielle. »
Cela étant, ce n’est pas la première opération antiterroriste que mènent les forces égyptiennes contre la « province du Sinaï » de l’EI. Sans trop de résultat jusqu’à présent… Aussi, d’après le New York Times, Israël aurait effectué plus de 100 frappes aériennes contre les jihadistes installés le nord de la péninsule (c’est à dire à sa frontière) au cours de ces deux dernières années. Et cela, avec l’accord des autorités égyptiennes.
« Pour le Caire, l’intervention israélienne a aidé l’armée égyptienne à reprendre pied dans sa bataille de près de cinq ans contre les jihadistes. Pour Israël, les frappes ont renforcé la sécurité de ses frontières et la stabilité de son voisin », a résumé le quotidien américain.
La « menace terroriste en provenance du Sinaï s’est accrue ces dernières années », avait constaté, en juillet 2015, le général israélien Royi Elcabets, ex-commandant de la division Edom, chargée de surveiller la frontière entre Israël et l’Égypte. « C’est notre devoir de prévenir (ces attaques) et d’y répondre si elles venaient à se produire », avait-il ajouté.