Selon l’avocat des parents d’Alexia Daval, la jeune femme retrouvée morte en Haute-Saône à la fin du mois d’octobre, Jonathann Daval n’a pas encore tout dit, après avoir avoué la mort de sa femme par étranglement. « A-t-il bénéficié d’un complice ou d’un coauteur ? La qualification de meurtre sur conjoint va-t-elle se transformer en assassinat, en raison d’une préméditation ? »
C’est l’un des ténors du barreau en France, ancien défenseur de Patrick Dils en Moselle, victime d’une erreur judiciaire à la fin des années 80 après avoir été inculpé d’homicides volontaires sur deux garçons à Montigny-les-Metz.
Aujourd’hui, Jean-Marc Florand, 63 ans, conseille les parents d’Alexia Daval, la jeune femme tuée à la fin du mois d’octobre à Gray en Haute-Saône, dont le corps avait été retrouvé quelques heures plus tard, à moitié carbonisé, dans un bois privé du massif forestier de Velet-Esmoulins.
Il y a une semaine, au terme de deux jours de garde à vue à la gendarmerie de Besançon (Doubs), Jonathann Daval avouait avoir étranglé son épouse à son domicile au cours d’une dispute, avoir entreposé le corps, recouvert d’un drap, dans son véhicule professionnel, mais niait totalement avoir brûlé le cadavre. Dans la foulée, il était mis en examen pour meurtre sur conjoint et placé en détention provisoire.
« Des aveux qui ne collent pas à la réalité »
« Cette affaire, pour moi, sort de l’ordinaire, explique Me Florand à Ouest-France. On n’est d’ailleurs probablement pas au bout de nos surprises. Jonathann adorait sa femme. Ce n’est pas un homme violent. Sa personnalité pose forcément question. Ce Jonathann meurtrier, personne ne le connaît. »
L’expérience de Jean-Marc Florand le pousse à être prudent « quant à la véracité de ces aveux qui, pour partie, ne collent pas à la réalité. Jonathann a peut-être avoué ce qu’on voulait entendre de lui. Je ne doute pas qu’il soit dans le générique, mais à quelle place ? A-t-il bénéficié d’un complice ou d’un coauteur ? La qualification de meurtre sur conjoint va-t-elle se transformer en assassinat, en raison d’une préméditation ? »
Jonathann Daval, entouré de ses beaux-parents, lors de la marche blanche du début du mois de novembre à Gray, quelques jours après la découverte du corps d'Alexia Daval. @SEBASTIEN BOZON
Recherche d’ADN
Afin de « fermer toutes les portes », Jean-Marc Florand s’intéresse de près à la mort, qualifiée de suicide, de Yannick Chevallier. Début janvier, à Esmoulins (village de 140 habitants de la Haute-Saône), ce trentenaire a été retrouvé sans vie dans un cabanon de jardin, une balle de petit calibre dans la tête. Problème : l’arme n’a pas été retrouvée près du corps. Pour les gendarmes, rapporte le quotidien L’Est républicain, « l’homme a jeté l’arme à la poubelle, ramassée entre-temps, puis s’est écroulé quarante mètres plus loin. »
Une explication qui ne convainc pas forcément Me Florand. Celui-ci s’apprête à demander au procureur de la République de Vesoul (Haute-Saône) un prélèvement de l’ADN de Yannick Chevallier. « Près du corps d’Alexia, un ADN reste encore non identifiée. Y a-t-il un lien entre ce suicide et la mort d’Alexia ? Parfois, le hasard est redoutable. Dans une commune de 140 habitants, où il ne s’est rien passé depuis la venue de Louis XIV, avoir deux morts violentes à quelques centaines de mètres de distance, c’est surprenant. Ce suicide présente des doutes, même si M. Chevallier est toujours présumé innocent. »
Jean-Marc Florand précise que l’homme qui s’est suicidé a quasiment le même âge que Jonathann Daval… qui, enfant, a passé toute sa jeunesse à Esmoulins. « Jonathann Daval n’a pas encore avoué avoir brûlé le corps de sa femme. Qui l’a fait alors ? »
« Calculateur et violent »
Traumatisés par ces derniers rebondissements, les parents d’Alexia Daval « veulent connaître la vérité. Pourquoi leur gendre est-il passé à l’acte ? Comment a-t-il tué leur fille ? Qu’a-t-il fait du corps pendant une douzaine d’heures ? C’est un nouveau Jonathann, calculateur et violent, l’homme le plus détesté des Français aujourd’hui, que les parents découvrent… »
Me Florand ne doute pas que l’Administration pénitentiaire protège, actuellement, Jonathann Daval contre lui et les autres. « Un suicide serait catastrophique. Il empêcherait de connaître la vérité sur la mort d’Alexia. Il va falloir réentendre régulièrement Jonathann, vérifier ses dires, faire une reconstitution sur place. On a tous besoin de connaître la vérité ! »