Un rapport commandé par le Premier ministre est très réservé sur le projet du Service national universel
Les cinq inspections générales (Armées, Administration, Jeunesse et Sports, Éducation, Finances) à qui le Premier ministre, Édouard Philippe, a commandé un rapport sur l’instauration du Service national universel, sont pour le moins très réservées sur la faisabilité de cette initiative voulue par le président Macron.
Pour rappel, lors de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron fit la promesse de mettre en place un service militaire universel d’une durée de seulement un mois (période devant correspondre à celle des « classes » de l’ancien service national). Et les établissements scolaires, comme il le précisa plus tard, devaient être sollicités pour accueillir les jeunes appelés.
Depuis, l’appellation « service militaire » a été abandonnée… Et nombreux sont ceux qui ont exprimés des réserves sur ce projet, dont on ignore encore les modalités. Les cinq inspections générales en font donc partie.
Ainsi, selon le quotidien Les Échos, qui a pu consulter leur rapport, trois scénarios ont été étudiés. Le premier est le plus fidèle à la promesse initiale de M. Macron. En effet, il vise à intaurer un service comprenant un mois de formation militaire élémentaire, avec, en plus, des modules d’éducation civique et des activités sportives de cohésion.
Le second scénario étendrait la période de la « Journée Défense et Citoyenneté » (JDC) à 5 jours, les trois semaines restantes étant dédiées à des « engagements » citoyens. Enfin, la dernière option prendrait la forme d’un « parcours citoyen » à réaliser entre 16 et 20 ans, avec le concours de militaires d’active ou de réserve, d’éducateurs sportifs et de professeurs « rémunérés dans le cadre des heures complémentaires. » Il se déclinerait selon trois formules : sans hébergement, avec hébergement ou les deux.
L’une des principales réserves exprimées par ce rapport porte sur le coût de fonctionnement de ce Service national universel, estimé à 2,4/3 milliards d’euros par an, soit, grosso modo, l’équivalent de l’enveloppe dédiée à la dissuasion nucléaire. À cela, et selon les modalités retenues, il faudrait ajouter entre 3,2 et 5,4 milliards d’euros pour mettre en place ce projet. Des sommes qu’il faudrait mettre en regard avec les « autres besoins de financement de l’action publique », souligne le document.
« Les positions exprimées à ce jour sur le service militaire universel d’un mois font ressortir d’importantes réserves tenant à la fois au caractère obligatoire de ce service, à l’importance des moyens matériels et humains à mobiliser pour accueillir et encadrer toute une classe d’âge, pendant plusieurs semaines, aux doutes exprimés sur la possibilité d’entretenir un résultat significatif, en un mois, au regard des objectifs affichés », est-il résumé dans la conclusion de ce document.
La commission de la Défense, à l’Assemblée nationale, serait, a priori, sur cette même ligne. Elle aurait dû publier son propre rapport à la fin du mois de janvier. Finalement, elle a dû reporter cette échéance au 21 février. Les parlementaires se sont sentis « entre l’enclume jupitérienne et la foudre des armées », a résumé un député de LREM.
En tout cas, M. Macron est bien déterminé à aller jusqu’au bout de son projet. « Beaucoup disent que c’est impossible à faire. Mais, rassurez-vous, je suis depuis bien longtemps habitué à ces débuts de discussion. Cela forge plutôt en moi la conviction que c’est une nécessité de le faire. Et cela répond à ce qui corrode au plus profond la cohésion de la Nation, à la tentation de l’individualisme », a-t-il affirmé, le 30 janvier, lors de ses voeux aux forces vives de la Nation et aux corps constitués. Et cela, quitte à modifier la Constitution si nécessaire.