L’aviation du corps américain des Marines (US Marine Corps) se trouve un peu dans la situation d’un propriétaire d’un chateau qui n’a pas assez de moyens financiers pour en rénover la toiture. En effet, il ne suffit pas de disposer d’un nombre important d’aéronefs. Encore faut-il être en mesure de les entretenir pour les faire voler.
Telle est, en tout cas, la situation décrite récemment par le général Robert B. Neller, le commandant de l’USMC, lors d’une intervention au Center for Strategic & International Studies de Washington, le 25 janvier dernier.
« En fait maintenant nous avons trop d’avions « , a en effet déclaré le général Neller. « Nous devons nous débarrasser d’eux parce que nous n’avons pas le temps de les réparer », a-t-il ajouté.
Alors qu’il se dote progressivement de nouveaux aéronefs, comme le F-35B et le MV-22 Osprey, lesquels cohabitent avec des AV-8 Harrier II, des F-18 Hornet ainsi que des hélicoptères UH-1N et AH-1W, l’USMC doit trouver des marges de manoeuvre. Pour autant, une partie de ces appareils font encore besoin, comme on l’a vu lors de l’opération Odyssey Lightning, menée en 2016 contre l’État islamique, à Syrte (Libye).
« Les avions plus anciens seront soit envoyés au ‘cimetière’ (boneyard) ou vendus à des alliés. On doit juste se débarrasser d’eux », a affirmé le général Neller.
Mais les difficultés à entretenir les aéronefs de l’USMC n’est pas seulement une affaire de temps. Les ressources financières manquent également pour assurer leur maintien en condition opérationnelle (MCO). Ce qui, au vu du budget du Pentagone, peut sembler surprenant.
Seulement, entre ce qui est annoncé et ce qui est réellement exécuté, il y a une marge. Entre les blocages politiques lors des discussions budgétaires au Congrès, pouvant donner lieu, comme cela s’est produit en janvier, à un « shutdown » (c’est à dire que l’exécutif est privé de moyens financiers), et les coupes budgétaires, il est « difficile de faire de longs paris sur la préparation », a fait valoir le général Neller.
En tout cas, cela n’est donc pas sans conséquences sur la capacité de l’USMC à assurer la maintenance de ses aéronefs et à garantir la préparation opérationnelle de ses pilotes. Pilotes qui, par ailleurs, sont de plus en plus tentés de continuer leur carrière dans le secteur privé… Ce qui pose un autre problème…
Quoi qu’il en soit, les difficultés liées au MCO et le manque d’entraînement des pilotes expliquent en grande partie les 12 accidents « de classe A » (c’est à dire ayant entraîné des pertes de humaines et/ou des dommages-intérêts supérieurs à 2 millions de dollars) qui ont eu lieu en 2017. « Nous avons eu une année horrible l’année dernière », a déploré le général Neller.
« Le but de l’USMC est de garder les avions disponibles pour que les pilotes puissent obtenir les heures de vol et l’entraînement dont ils ont besoin », a expliqué le général Neller. Ce qui passe par des moyens nécessaires pour assurer l’approvisionnement en pièces détachées pour ses avions.