SOURCE : Le Télégramme-Breizh
------------------
Des chibanis » réclament justice
Publié le 31 janvier 2018 à 00h00 Modifié le 31 janvier 2018 à 06h57

La S.N.C.F  dans la tourmente !  Les chibanis  réclament justice -  Le-dos10

Le dossier des « chibanis » de la SNCF avait été évoqué en mai dernier devant le conseil de prud'hommes de Paris.

Environ 2.000 Marocains ont été recrutés dans les années 1970 par la SNCF. « Aptes à tout », ils ont notamment été envoyés dans les gares de triage. Aujourd'hui « usés », plus de 800 d'entre eux espèrent faire condamner l'entreprise publique pour discrimination.

Après moult renvois et, pour certains, plus de dix ans de procédure, la plupart des 848 « chibanis » (« cheveux blancs », en arabe) poursuivant la SNCF avaient obtenu gain de cause devant les prud'hommes, en septembre 2015. Mais l'entreprise a fait appel de cette décision qui la condamnait à plus de 170 millions de dommages et intérêts. Lors du réexamen du dossier, en mai 2017, quelques anciens salariés avaient été autorisés à s'exprimer au nom des autres.

« On est là pour défendre notre honneur » car « la SNCF a profité de nous », a dit l'un deux, ému aux larmes en évoquant le moment où il a découvert le montant de sa retraite, inférieure à celle de ses collègues français. La plupart ont connu le même parcours, recrutés directement au Maroc par la SNCF, dans les années 70.

En manque de main-d'oeuvre, la compagnie ferroviaire a pu alors embaucher à grande échelle, pendant plusieurs années, en vertu d'une convention signée en 1963 entre la France et le royaume fraîchement indépendant. Environ 2.000 recrues marocaines ont été recensées par l'association des Chibanis. À l'époque de leur recrutement, beaucoup sont arrivés à la gare d'Austerlitz, à Paris, après quatre jours de bateau et train, « un voyage inoubliable avec neuf autres Marocains » pour Abdelghani Azhari, emmené ensuite à la gare de triage d'Achères, en banlieue parisienne.

« Jeunes et forts »

« On calait les wagons. C'était dur, l'hiver, de faire l'attelage des trains de 700 mètres mais quand il fait chaud, c'est pire », avait-il témoigné, en 2015. Logés dans un foyer préfabriqué, « on était des cheminots aptes à tout, disponibles à Noël ». « On roulait en 3x8 mais on ne craignait pas le travail. On était jeunes et forts. On nous avait triés sur le volet », se rappelle également Abdel (prénom modifié). Agent « de mouvement », « reconnaisseur », « aiguilleur », « au charbon » ou « au graissage », il a enchaîné les postes. « On a fait le même boulot mais on n'avait pas les mêmes avantages que les collègues français pour la retraite, la médecine ou les jours de carence », poursuit ce Franco-Marocain, resté contractuel de droit privé.

Après sa naturalisation, il était « trop vieux » pour décrocher le « statut » particulier des cheminots. Une partie des cheminots marocains ont raccroché à 55 ans, « usés ». « Je n'en pouvais plus, j'étais blessé, des pieds à la tête. Alors je suis parti en 2010 quand ils m'ont proposé une prime de 16.000 euros », confie Aziz (prénom modifié), entré en 1974.

Il dit avoir eu « un grand choc » en découvrant le montant de sa retraite de base : « 1.004 euros ». Lors de l'examen en appel du dossier, la DRH de SNCF Mobilités a présenté à tous ses anciens salariés son « plus profond respect » et sa « reconnaissance » mais a nié les avoir « traités de façon différente ». Le jugement est attendu, aujourd'hui, à 13 h 30

© Le Télégrammehttp://www.letelegramme.fr/france/sncf-les-chibanis-reclament-justice-31-01-2018-11833562.php#g671JqJPvi3gKpHX.99