Prisons : le syndicat majoritaire signe le projet d’accord présenté par le gouvernement
Au 12e jour de blocage dans les prisons françaises, l’UFAP-UNSA-Justice, syndicat majoritaire, a annoncé qu’il signerait le projet d’accord de la chancellerie.
Après consultation de sa base, l’UFAP-UNSA-Justice, syndicat majoritaire parmi les surveillants pénitentiaires (40 %), a annoncé vendredi 26 janvier qu’il signerait le projet d’accord proposé jeudi 25 janvier par la ministre de la justice, Nicole Belloubet.
Dans un communiqué, le syndicat affirme avoir pris cette décision après avoir consulté la base. « Ce relevé de conclusions traduit une volonté de changer le fonctionnement des prisons devenues de véritables coupe-gorge et zones de non-droit », justifie-t-il. « Signer ce protocole est une responsabilité !… La facilité aurait été de refuser purement et simplement de le faire. »
Que dit cet accord ?
L’accord comprend plusieurs mesures :
Gestion des détenus radicalisés
Doublement de la capacité d’évaluation des détenus radicalisés, pour atteindre 250 détenus par an. Pour cela, un quartier spécifique sera mis en place. Le gouvernement a aussi dit qu’il veut créer 1 500 places dans des quartiers « totalement étanches » pour gérer à part les profils « dangereux ou prosélytes ».
Sécurité des surveillants
Renouvellement et acquisition de matériel pour les agents (gilets pare-balles discrets, alarmes individuelles, chaussures Magnum, etc.) et pour les prisons (ouverture pour passer les menottes, arrêtoirs de porte, etc.), renforcement des fouilles (fouilles inopinées de cellules, par exemple).
Recrutements
Mille cent emplois supplémentaires seront créés sur quatre ans (2018-2021), en plus des recrutements déjà prévus par l’administration pénitentiaire. L’ouverture de postes aux concours ne suffisant pas à garantir qu’ils seront pourvus, le gouvernement instaurera un « dispositif de fidélisation » bénéficiant d’un financement de 6 millions d’euros.
Indemnités
L’indemnité de charge pénitentiaire (ICP), une prime annuelle, la prime de sujétion spéciale (PSS), dont bénéficient les employés de la fonction publique qui encourent des risques, ainsi que la prime des dimanche et jours fériés seront augmentées.
Selon l’administration pénitentiaire, cela représente en moyenne respectivement des augmentations de 400 euros par an, 450 euros par an et 300 euros par an, soit un total de 1 150 euros par an par agent.
La ministre n’a, en revanche, fait aucune proposition en ce qui concerne une évolution des statuts des surveillants, une mesure réclamée par les syndicats FO et CGT.
Jeudi, la ministre de la justice avait défendu ses propositions, qu’elle estimait être « très sérieuses en matière de sécurité, en matière indemnitaire, en matière de prise en compte de la profession ». « Donc j’espère qu’il y aura une prise de responsabilité, une prise de conscience, et que les surveillants pénitentiaires reprendront leur travail. C’est indispensable pour la sécurité de notre société », avait-elle ajouté.
De son côté, Edouard Philippe avait jugé, jeudi, « tenables », sur son compte Facebook, les propositions du gouvernement.
L’accord peut-il entrer en vigueur malgré l’opposition de FO et de la CGT ?
Malgré le refus, jeudi, de FO (30 %) et de la CGT (15 %) de signer le protocole d’accord, la chancellerie a annoncé, vendredi, que celui-ci sera « rapidement » appliqué,.
Les deux syndicats, qui ont appelé à poursuivre le mouvement, devraient faire évoluer ses modalités. Autrement dit, probablement sans action de blocage des prisons.
Où en est la mobilisation des surveillants ?
Après un paroxysme, atteint mercredi 24 et jeudi 25, l’intensité du mouvement avait baissé dès vendredi matin.
A 12 h 30 vendredi, seuls une vingtaine d’établissements (sur 188) étaient encore affectés par un manque de personnel.