En 2017, 56 Casques bleus ont été tués à travers le monde, le bilan le plus lourd depuis 1994. Un rapport de l’Organisation des Nations Unies dresse une liste dysfonctionnements.
Quinze Casques bleus tués en République démocratique du Congo en décembre, des attaques récurrentes au Mali et en Centrafrique : les Casques bleus, souvent mal préparés, sont de plus en plus pris pour cible, une tendance que l’ONU veut renverser malgré les obstacles politiques et financiers.
Dans un rapport remis en décembre au secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres et rendu public lundi, un groupe d’experts emmenés par le général brésilien Carlos Alberto dos Santos Cruz, ex-commandant des missions de l’ONU en Haïti et en RDC, dresse une longue liste des raisons de la vulnérabilité croissante des Casques bleus.
Les missions en Afrique sont les plus vulnérables
Après des pointes dans les années 1960 et 1990, le nombre de morts violentes parmi les forces de maintien de la paix est reparti à la hausse en 2013 : 195 personnes ont été tuées depuis cinq ans, dont 56 uniquement en 2017 soit le bilan le plus lourd depuis 1994, souligne le rapport.
Le 7 décembre, une attaque contre la base de l’ONU à Semuliki en RDC a fait quinze morts. Pire attaque contre des Casques bleus en 24 ans.
Les missions africaines, parmi les plus importantes en taille, sont les plus vulnérables : la mission au Mali a perdu 91 hommes depuis 2013, suivie par les missions en Centrafrique (29 morts), au Darfour (26), en RDC (25) et au Soudan du Sud (13). Les victimes sont aussi majoritairement africaines : les contingents du Tchad et de Tanzanie ont subi depuis 2013 les plus lourdes pertes, devant ceux du Niger, de Guinée et d’Ethiopie, selon ce document.
Trop souvent "défensifs" selon le rapport
Transport de troupes en pick-up alors qu’il faudrait des véhicules anti-mines, patrouilles de nuit sans lunettes de vision nocturne : les contingents sont souvent mal équipés (surtout pour des raisons financières) pour remplir leur mission, estime le groupe d’experts. Ils sont aussi trop souvent « défensifs » alors qu’ils devraient être « proactifs » pour « identifier les menaces et les neutraliser ».
Face à ce constat accablant, et alors que les missions de maintien de la paix sont menacées de coupes budgétaires par l’administration américaine, le rapport formule une série de recommandations pour les opérations comme pour leurs responsables, qui incluent l’identification des contingents à problème ou des « tests surprise » pour vérifier la préparation des troupes.
D’ici fin mai, l’ONU pourrait commencer à remplacer « responsables, contingents ou unités »incapables de remplir leur mandat, préconise le rapport, mais il est parfois difficile de trouver des volontaires pour certaines missions.