Au moins 15 Casques bleus ont été tués en République démocratique du Congo
« C’est la pire attaque contre des soldats de la paix des Nations unies dans l’histoire récente de l’organisation », a réagi Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, après l’annonce de la mort d’au moins 15 Casques bleus tanzaniens de la MONUSCO [Mission de l’Organisation des Nations unies en République démocratique du Congo], le 8 décembre.
Ces derniers ont perdu la vie lors de l’attaque de leur base, située à Semuliki, dans la province instable du Nord-Kivu. Cinq soldats des forces armées de la République démocratique du Congo (RDC) ont également été tués lors de cet assaut donné dans la soirée du 7 décembre et attribué par l’ONU aux ADF (Allied Democratic Forces, Forces démocratiques alliées), un groupe armé musulman d’origine ougandaise.
« Des renforts militaires sont arrivés sur le terrain. Le commandant de la force se trouve aussi sur place, coordonnant la réponse de la mission. L’évacuation médicale des victimes est en cours », a précisé M. Guterres qui, dans son communiqué, a évoqué un « crime de guerre » et fait part de son « indignation ».
L’attaque contre la base de la MONUSCO à Semuliki est la plus meutrière jamais subie par une force des Nations unies depuis celle qui coûta la vie à 24 Casques bleus pakistanais à Mogadiscio, le 5 juin 1993.
Le Conseil de sécurité des Nations unies a condamné « dans les termes les plus forts » l’assaut contre la base de Semuliki ainsi que toutes les « attaques et provocations contre la MONUSCO par des groupes armés ». Et d’ajouter : « Il ne peut pas y avoir d’impunité pour de telles attaques. »
De son côté, M. Guterres a demandé aux autorités de la RDC de mener une enquête sur cette attaque afin de « traduire promptement ses instigateurs devant la justice. »
Pour rappel, la MONUSCO, déployée en RDC en 1999, est la mission des Nations unies en cours la plus importante, avec 18.000 soldats et policiers pour un budget annuel de 1,2 milliard de dollars.
Les groupes armés et autres milices pullulent dans le Nord et le Sud Kivu, ce qui se traduit par de nombreuses attaques contre la population. Selon un rapport d’Human Rights Watch, de juin à novembre 2017, « au moins 526 civils ont été tués dans les Kivus, au moins 1.087 personnes ont été enlevées ou kidnappées pour obtenir une rançon, et il y a eu au moins 11 viols de masse. »
Parmi eux, les ADF compteraient 150 combattants, selon des estimations rapportées par l’AFP. Créé en 1995 en Ouganda, ce mouvement se serait progressivement rapproché d’organisations islamistes radicales. Toutefois, ses liens potentiels avec les jihadistes, comme les Shebab somaliens, liés à al-Qaïda, n’ont pas été formellement démontrés à ce jour.
Par ailleurs, en octobre, un groupe se faisant appeler « Madinat Tawhid wa-l-Muwahidin » (MTM, la ville du monothéisme et des monothéistes) est apparu dans le Nord-Kivu. Dans un courte vidéo de 2 minutes, l’un de ses membres, apparemment étranger, avait appelé au jihad en Afrique centrale, en particulier en RDC.