Début janvier, la plus grande banque privée de Russie, Alfa-Bank, a annoncé qu’elle ne travaillerait plus avec le secteur russe de l’armement en raison des sanctions prises par Washington à l’égard de Moscou pour son implication présumée dans le sud-est de l’Ukraine (Donbass).
« Cela ne signifie pas que nous avons rompu toutes nos relations avec » les industriels de la défense, a précisé Oleg Sysuyev, le vice-président du conseil d’administration d’Alfa-Bank. Mais « nous essayons simplement de minimiser les risques », a-t-il ajouté. L’un des principaux actionnaires de cette banque, Mikhail Fridman, a quant à lui confié au magazine Forbes que cette dernière « perdait des clients à cause des sanctions ».
Pour rappel, le président américain, Donald Trump, a promulgué, en août 2017, une loi appelant à des sanctions contre les entités ayant des relations avec les forces armées et les services de renseignement russes. D’où les difficultés de certaines banques en Russie, lesquelles détenaient, au début de l’année dernière, 10,4 milliards de dollards de fonds du secteur russe de l’armement.
Pour les banquiers russes, leurs relations avec le complexe militaro-industriel seraient susceptibles de les rendre vulnérables à d’autres sanctions. D’où l’idée de créer une banque dont l’activité serait exclusivement dédiée au financement du secteur de l’armement et aux commandes militaires. Un tel principe avait été ainsi avancé par Tatiana Chvetsova, la vice-ministre de la Défense, en novembre 2017.
Ce projet s’est finalement concrétisé le 19 janvier. Le ministère russe des Finances a en effet annoncé la création d’une « banque de référence pour effectuer les transactions dans le domaine des commandes militaires de l’État et d’importants contrats publics. »
En réalité, il n’est pas question de créer une nouvel établissement financier mais d’en nationaliser un… D’où le choix de la banque Promsvyazbank (PSB) qui, se trouvant en difficulté (elle a fait l’objet d’un récent plan de sauvetage), sera recapitalisée pour ensuite passer sous le contrôle de l’État. Elle sera dirigée par Pyotr Fradkov, fils d’un ancien chef du renseignement extérieur [le SVR, ndrl] et actuel patron du Centre russe pour les exportations.
« Je crois que la banque a toutes les compétences et les capacités financières, un large réseau de succursales régionales et une bonne expérience …, y compris avec les sociétés de défense, pour accomplir cette tâche énorme », a commenté M. Fradkov, d’après Reuters.
Jusqu’à présent, les actifs de PSB étaient essentiellement constitués par des biens immobiliers et des intérêts dans le commerce, l’énergie, les métaux et les mines.