Emmanuel Macron : « Il faut un choc dans nos modes de production »
Le chef de l’Etat prône une série de changements majeurs, comme la fin de l’exploitation des ressources fossiles mondiales et la réorientation de la finance publique et privée vers la transition énergétique.
Emmanuel Macron, qui organisait mardi 12 décembre un sommet sur le climat, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), veut relancer la mobilisation internationale en faveur de la lutte contre le réchauffement. Il met au centre des discussions un nouveau mode de développement et la responsabilité des acteurs privés. Il a reçu Le Monde lundi 11 décembre, à l’Elysée.
Quinze mille scientifiques internationaux ont publié, mi-novembre, un appel pour alerter sur l’état de la planète et dire qu’il sera « bientôt trop tard pour agir ». Estimez-vous, comme eux, que notre modèle de développement n’est pas viable pour l’humanité ?
Oui ! Et je me réjouis que ce constat soit de moins en moins contesté. La prise de conscience s’est progressivement faite sur les vingt dernières années, puis il y a eu un moment et un engagement forts sur le plan juridique et diplomatique avec la COP21 et l’accord de Paris. Mais cet accord ne comporte pas de mécanisme de sanction et a été fragilisé par la décision américaine d’en sortir. Les engagements internationaux nous placent aujourd’hui sur une trajectoire de 3,5 0C de réchauffement de la planète. Nous sommes donc très loin de l’objectif de l’accord de Paris de contenir la hausse des températures sous le seuil de 2 0C, et si possible 1,5 0C. Sans une mobilisation beaucoup plus forte, un choc dans nos propres modes de production et de développement, nous n’y parviendrons pas.
Quel choc ?
Une série d’actions aux niveaux national, européen et international. C’est l’objectif de ce sommet du 12 décembre. Nous ne pouvons plus nous contenter de déclarations. Le système des conférences climat [les COP] présente un intérêt diplomatique et a le mérite de placer les acteurs gouvernementaux sous tension, dans le cadre d’un multilatéralisme. C’est pourquoi il faut aussi continuer à avancer sur ce chemin. Mais nous voyons bien ces dernières...